TATARAK
Sublime jeunesse
D'emblée, on est emporté par les sublimes images d'herbes au bord l'eau, envoûté par la musique aérienne. Mais l'on se réveille bien vite. Tout cela n'est que le rêve d'une femme allongée dans une chambre d'hôtel. Dans la pénombre, elle va nous raconter le tournage, avec un réalisateur prénommé Andrzej, durant lequel son compagnon était en phase terminale, alors qu'elle devait jouer une femme également malade. Un parallélisme des destins, troublant dès le départ, et que la mise en scène lascive du réalisateur polonais va rendre bouleversant.
La nature est belle, la jeunesse aussi, et c'est à la souffrance retenue d'une femme mûre que Wajda nous convie avec brio. Son attirance pour un jeune homme magnifique, jeune acteur aux lignes de visage et de corps parfaites, est le point de départ d'une histoire simple et déchirante, d'un dernier amour d'été. Insidieusement, captant les petites joies rentrées et les élans exprimés, le réalisateur construit, à force de retours à la réalité, un magnifique et bouleversant hommage à un collaborateur disparu.
Porté par la sublime Kristina Janda, en femme d'âge mûr en droit de se demander si elle peut encore séduire ou si elle a encore droit à l'amour, « Sweet rush » fait se frôler les corps comme les cœurs. On est presque surpris de devoir ressortir brutalement de l'histoire fictive, alors que l'idylle semble si belle, loin d'une réalité glauque. On en vient à détester l'apparition des hommes grenouilles et des caméras. Et on se surprend à verser une larme lorsque le parallèle devient trop fort pour l'actrice, qui craque. Une histoire bouleversante, forcément empreinte de culpabilité, mais aussi d'un désir immense de liberté. A voir absolument.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur