Festival Que du feu 2024 encart

TAKESHI’S

Kitano, mégalo?

Les destins d'une star de la scène et de son sosie, un caissier timide et anonyme, se déroulent en parallèle. Jusqu'au jour où le sosie tombe dans un état imaginaire, et où sa réalité, celle de l'acteur et de ses personnages semblent se mêler…

Le nouveau film de Takeshi Kitano est une nouvelle fois une mise en abîme d'un personnage, mais cette fois-ci en directe relation avec celui qu'il jouait lui-même sur les écrans japonais. Avouons qu’à la fois la démarche est très intéressante, mais que son appréciation reste conditionnée par une bonne connaissance de la filmographie de l'acteur-auteur, sans quoi sa perception peut évoquer une certaine mégalomanie.

Alternant diverses scénettes, le réalisateur se permet, à travers le personnage de looser, qui lui est cher, de revisiter un long pan de sa carrière, aussi bien scénique que cinématographique. Et la magie prend par moment, lorsque le regard est à la fois nostalgique, cynique, comme quand il s’essaye à de petites critiques de ses réalisations précédentes, ou qu’il se joue de ses oeuvres maintes fois adulées. Mais pour assurer son propos, il sur-utilise un des traits principaux de sa technique cinématographique : la lenteur. Et malheureusement par moment, la contemplation fait peu à peu place à la gène, voire l'ennui. Alors le côté mise en abîme est progressivement relayé aux oubliettes et remplacé par une schizophrénie bouillonnante et irritante.

En fin de compte un film lent, à la mise en scène est poussive, où les trop rares éclats de folie inondent certaines scènes, mais en aucun cas ne relèvent le réalisateur sur son pied d'estale.

Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur

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