TAKEN
Navrant
Un ancien agent des services secrets américain a abandonné sa carrière pour se rapprocher de sa fille, partie dans une autre ville avec sa mère et son beau-père. Malgré quelques réticences, il a finalement autorisé sa fille à se rendre avec une amie à Paris. Mais à son arrivée, les deux adolescentes se font kidnapper par de méchants albanais…
Après les snuff movies (« Témoin muet »), les enlèvements pour sévices divers (« Hostel »), voici que le cinéma exploite une nouvelle peur collective: la trafic de femmes. Tous les clichés y passent, des mafieux albanais ultra-violents aux riches acheteurs de vierges aux enchères, en passant par les policiers véreux qui touchent une commission pour fermer les yeux. Avec EuropaCorp à la production et un frenchie à la réalisation, on est tout de même étonnés du portrait fait de l'Europe, dangereuse pour les pauvres petites américaines sans cervelles désireuses de s'éclater en suivant leur groupe de rock préféré. Cela ne suffisait pas que certains auteurs américains stigmatisent les français comme les nouveaux barbares, en faisant régulièrement les méchants de leurs films. Voici que les français s'y mettent aussi, puisque Luc Besson est partiellement aux commandes du scénario.
Et justement, de ce côté-là, les choses vont de mal en pis. Passons sur la ridicule scène de l'enlèvement au téléphone, ou sur la facilité avec laquelle les potes du père arrivent à savoir qui était le chef de gang (allant jusqu'à donner son village d'origine en Albanie !), on tente d'oublier les incohérences en admirant la maîtrise des scènes de « baston », efficaces et redoutablement bien sonorisées. Mais rapidement, on est rattrapé par les raccourcis, notre héros parvenant à rapprocher entre eux d'impossibles indices, le summum du pathétique étant atteint avec la remontée des quais en voiture, à sens inverse, filmée absolument n'importe comment.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur