LE SYNDROME DU TITANIC
Mettons l'Homme au coeur de nos préoccupations
La machine marketing est en route. Il est intéressant de voir comment les défenseurs de notre planète usent (à bon escient) des moyens mis à leur disposition dans leur lutte pour la prise de conscience planétaire des risques liés au réchauffement climatique. Le cinéma est un média, il est mondial, quoi de plus « naturel » qu’il devienne l’un des premiers vecteurs d’information quant au devenir de notre planète.
Les films de science-fiction ont superbement inventé notre monde de demain : les plus pessimistes, « Silent running », « Waterworld », « Le jour d’après » ou bien « Le soleil vert », restent finalement aux yeux du public des divertissements hollywoodiens. D’où une profusion de documentaires ces trois dernières années, comme « We feed the world », « La fièvre de l’or », « Nos enfants nous accuseront », « Le monde selon Monsanto » et bien sûr « Une vérité qui dérange » d’Al Gore, devenu depuis Prix Nobel de la Paix.
Cette année, sont déjà sortis plusieurs documentaires comme « L’âge de la stupidité » et le très médiatisé « Home » de Yann Arthus-Bertrand. « Le syndrome du Titanic » pourrait être le pendant humain de « Home ». Car quand ce dernier se préoccupait davantage de notre environnement, de nos ressources naturelles et de nos forêts… le film de Nicolas Hulot et Jean-Albert Lièvre fonde son histoire sur l’Homme, son rôle dans le désastre où il sera demain, les conséquences horrifiantes pour les prochaines générations et la manière dont il peut encore s’en sortir.
Le discours est terrible : c’est nous, vous et moi, notre seule génération qui pouvons encore prendre les bonnes décisions pour changer de direction et faire qu’on ne s’écrase pas sur l’iceberg qui se profile devant nous. Car freiner ne sert à rien comme le précise Hulot dans son film, c’est de cap qu’il faut changer, et maintenant.
Alors, Hulot et Lièvre montrent la souffrance déjà présente sur le pas de notre porte (terribles exclus sur les trottoirs de Shangaï, du Caire ou de Los Angeles). Ils montrent l’absurdité de notre système tout entier (« Je croyais à l’abondance, je découvre la rareté »), les paradoxes de notre surconsommation (« On ne consomme pas, on consume »). Ils focalisent sur des visages de toutes origines, beaux, silencieux comme s’ils n’avaient, pour certains, pas leur mot à dire sur l’avenir de la planète, alors qu’elle n’appartient à aucune minorité riche d’argent et de pouvoir, qui pourtant la conduit droit à la catastrophe.
Comme "Home", "Le syndrome du Titanic", c’est aussi des images. Celles aériennes de YAB laissent place à de superbes mises en scène visuellement très photographiques. Les musiques sont également très bien choisies et très originales. On est un peu dérouté au début du documentaire de voir tant d’images léchées, de cadrages soignés, de couleurs travaillées puisque finalement elles prennent le spectateur à partie, l’en détournant presque du discours confidentiel de Hulot. Confidentiel, non pas parce qu’il n’apporte rien ou qu’il ne retient pas l’attention, mais parce que Nicolas se confie réellement pendant une heure et demie. Il dit ses craintes en l’avenir mais révèle aussi ses espoirs en l’Homme et en sa capacité à changer les choses. A l’heure où ne peut plus dire « je ne savais pas », il nous confirme qu’il est (encore et plus que jamais) temps d’agir.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur