Festival Que du feu 2024 encart

SWALLOW

Manifestation de l’aliénation

Hunter vient d’emménager avec son mari dans une nouvelle maison loin de tout. Et elle tombe enceinte. Sans trop savoir pourquoi, elle se met à ingérer de petits objets, plus ou moins dangereux pour sa santé et surtout pour celle de bébé. La famille du mari, légèrement envahissante, va décider de prendre des mesures…

Swallow film image

Hunter a un problème, elle ne parvient pas à être la bonne potiche qu’elle voudrait tant être. Elle s’ennuie dans cette magnifique maison, avec cette magnifique vue, avec ce magnifique mari. Elle a besoin de faire des choses, de vivre et d’interagir, d’exister et ne pas être considérée comme un meuble de plus avec qui l’on peut faire l’amour quand on a envie ou sur qui on peut compter pour faire une conversation que l’on n’estimera pas plus qu’un bruit de fond.

Non Hunter à besoin d’exister, et c’est dans l’ingestion qu’elle trouve une solution, l’ingestion d’objets plus ou moins dangereux. La mise en scène de Carlo Mirabella-Davis est saisissante, car il parvient, d’une part à transmettre ce mal-être sans jamais lui donner de cause réelle, et d'autre part à montrer l'apaisement si particulier que ressent Hunter grâce à sa pratique si particulière. On sent l'amour, la fétichisation, mais aussi l'organisation et la préparation que nécessite chaque séance d'ingestion. On sent aussi la culpabilité qu'elle porte en elle, sa perte total de repères entre ce qu'elle veut et ce à quoi elle aspire réellement.

Ainsi, on peut célébrer de concert la performance d’Haley Bennett, dont le jeu tout en retenue et en silences est très puissant. Une puissance enrobée par la musique Nathan Halpern et soulignée par la palette de couleurs froides et vibrantes, comme de l’humidité sur une vitre gelée, de Katelin Arizmendi. On pourra également remarquer la superbe performance de Laith Nakli, qui forme avec la protagoniste un couple d’une grande intensité.

"Swallow" est donc un film réussi, mais dont l’émotion reste parfois à distance. Un film qui met également beaucoup de temps à démarrer et laisse comme une arrière goût d'inachevé.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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