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SURVIVRE

Un film de Frédéric Jardin

Un environnement surprenant, pour un scénario pas totalement convainquant

Alors qu’ils font une virée en bateau dans les Caraïbes, une famille composée de deux parents, un frère et une sœur, tous deux adolescents, se retrouve à observer des phénomènes étranges : des courants forts apparaissent dans la mer, des orages puissants éclatent au dessus des villes, les boussoles s’affolent, des baleines en apparences désorientées endommagent l’une des hélices… Jusqu’à ce qu’une forte tempête les fasse s’échouer sur ce qui semble être le fond des mers, vidées de leur eau. Commence alors un périple pour leur survie, qui ira bien au delà du fait de rentrer en contact avec un autre navire…

Réalisateur de comédies plus ou moins bien reçues dans les années 90 - 2000 ("La Folie Douce", "Les Frères Soeurs" et "Cravate Club"), Frédéric Jardin avait marqué un virage réussi 7 ans plus tard avec le film policier "Nuit Blanche", avant d'enchaîner avec la réalisation d'épisodes de la série "Braquo", et des saisons 5 à 7 (comme également deux épisodes de la saison 8) de la série "Engrenages". Le voici qui met en scène, avec une certaine efficacité, un film d'anticipation aux moyens limités par rapport aux grosses machines hollywoodiennes, mais qui ne s'en sort pas si mal niveau action, effets spéciaux, et même tension. Ceci notamment grâce à un casting impliqué, Émilie Dequenne en tête, créant quelque peu la surprise dans le registre du survival.

Malheureusement, si toute l'introduction a le mérite de générer quelques frissons (notamment la scène de visio avec le petit copain, avec d'effrayants éclairs en fond, ou la chute hasardeuse des satellites dans la mer...), et si les décors du Maroc, censés représenter les fonds des océans, impressionnent par leur mélange de beauté et d'étrangeté, on a vite fait de repérer les trucs qui évitent de trop dépenser en effet spéciaux (l’évitement premier d’avoir la moindre végétation au sol, ne serait-ce que des algues, l'usage de la caméra subjective pour les nuées de crabes autour de l'appareil submersible...) et de se poser nombre de questions sur la crédibilité du scénario. D'où vient ce mystérieux homme avec son chien, et pourquoi semble-t-il être équipé et agir comme s'il n'avait pas mangé depuis une semaine... alors que le retrait de l'eau est arrivé à peine la veille ? Mais pourquoi diable l'inversion des pôles magnétiques engendrerait-il une inversion de la position des eaux, entre zones émergées et zones submergées, comme cela semble suggéré ? Car on ne parle pas ici d'attraction d'un autre corps céleste qui pourrait amener l'eau en hauteur...

Bref, sans se poser trop de questions, on pourra cependant vibrer face aux dangers qui guettent une famille bien tranquille sur son bateau, et tout à coup soumises aux caprices de la nature ou d'un dangereux individu armé d'une lance de fortune, symbole à lui seul de l’instinct de survie de toute l’humanité. On admirera de plus un certain sens du message écologique, plus suggéré par certains plans que par une expression orale, l'exploration quelque peu obligée de ces lieux inconnus faisant apparaître des bidons de produits polluants flottant dans une flaque pas plus accueillante, des milliers de déchets plastiques à même le sol, et diverses espèces échouées, tels un requin marteau ou une baleine. En plaçant la petite famille à égalité avec les quelques espèces survivantes, les scénaristes tiennent là un sous-texte écologique plutôt efficace.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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