SUR TA JOUE ENNEMIE
Une histoire qui se perd dans l'énigmatique...
C’est, avec cette première fiction de Jean-Xavier de Lestrade, une belle visite touristique dans le pays Grenoblois qui nous est donnée à voir ! Saint-Quentin-Fallavier et sa prison, Grenoble, son tram et ses ruelles, Voreppe et sa montagne qui se dresse devant elle, la Meije et ses sommets montagneux. Les amoureux de cette région apprécieront, les autres s’en tamponneront le coquillard…
Seront-ils plus intéressés par le reste de ce film ? La réponse n’est pas évidente… Pourtant « Sur ta joue ennemie » a pas mal de qualités et notamment son histoire : un jeune de 30 ans sort de quatorze années de prison et tente de se raccommoder avec une jeune femme qui aujourd’hui le voit comme un monstre… Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Les meurtriers qui sortent de prison peuvent-ils s’en sortir et retrouver leur jolie vie d’avant ? Bien sûr que non, cela fait un siècle que le cinéma nous rappelle que « voyou un jour, voyou toujours ».
En plus, le spectateur reste constamment en surface, sans jamais s’imprégner de cette histoire, sans jamais s’attacher aux personnages. Sans compter que certains d’entre eux sont pauvrement inutiles à l’intrigue (à l’image de Nicolas Giraud qui méritait mieux qu’un rôle aussi creux qu’inintéressant). Le développement du scénario n’arrange rien quand il veut nous faire croire qu’Emilie (Fanny Valette) ne reconnaît pas Julien (Robinson Stévenin) et quand il veut nous faire passer un viol pour une anodine mésaventure (tu t’es faite violée ? allez pleure un bon coup et demain ça ira mieux !)…
Une situation bien étrange tout comme l’est finalement ce film : tout est tellement énigmatique, de l’intrigue principale qui ne trouve aucune réponse à ses questions, à l’intrigue secondaire sur l’ami et son père magouillant dans un garage automobile mais dont on ne comprendra rien non plus… ! De véritables énigmes qui renvoient au titre du film (faisant référence à la séquence finale) mais arrivant comme un cheveu sur la soupe.
Les bonnes idées concernent le volet social du personnage de l’ex-détenu, pris en charge par un assistant de service social (superbe Patrick Descamps dont la performance d'acteur est une nouvelle fois à mettre en avant). Mais le tout baigne dans une musique triste faite d’accords de piano et de violon d’où ne surgit aucune émotion. Dialogues plats, film tiède… le premier long-métrage du documentariste de Lestrade (qui avait pourtant fait mouche avec « Un coupable idéal » en 2003) n’a pas confirmé les espoirs que l’on avait mis en lui. Dommage pour Gilles Taurand, co-scénariste du film, qui nous avait habitué à beaucoup mieux (« Home », « La belle personne », « Une affaire de goût », « Nettoyage à sec », « Les voleurs »…). Dommage aussi pour Robinson Stévenin qui interprétait de manière convaincante ce jeune paumé aussi clair qu’ambiguë.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur