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SUR LES CHEMINS NOIRS

Un film de Denis Imbert

Marcher pour survivre

Alcoolisé, Pierre chute d’un balcon. Alors qu’il est grièvement blessé, il se fait la promesse de guérir et de traverser la France à pied, du Mercantour au Cotentin. Ce périple sera celui de la renaissance…

Sur les chemins noirs film movie

La love story entre le cinéma et Sylvain Tesson se poursuit. Après une adaptation de "Dans les Forêts de Sibérie" et surtout le succès récent du documentaire "La Panthère des neiges", voici que l’un de ses ouvrages les plus méditatifs connaît également les honneurs d’une transposition pour le 7ème Art : "Sur les chemins noirs". L’histoire, beaucoup la connaissent, celle d’un écrivain aventurier qui refuse de prendre les escaliers et préfère surprendre ses amis en escaladant des balcons. Un soir d’ivresse, sa main a ripé. 26 fractures, un coma profond et un cœur meurtri. Lorsqu’il se réveille à l’aube d’une rééducation aux espoirs limités, il se fait une promesse : traverser la France à pied, parcourir les 1 300 km qui séparent le Mercantour du Cotentin. Marcher pour continuer d’avancer. Crapahuter pour se reconstruire.

À l’écran, Sylvain est devenu Pierre, sous les traits robustes du toujours très bon Jean Dujardin. L’acteur rêvait de l’incarner suite à sa lecture de l’ouvrage originel. C’est désormais chose faite. Le film nous balade sur les sentiers oubliés de l’hexagone, loin des routes et du tumulte d’une société où les individus sont devenus de vulgaires statistiques. Une carte postale originale se dessine alors sous nos yeux, avec ses chemins abandonnés et ses paysages où l’homme n’a pas sa place dans le cadre. Si les rencontres seront limitées, elles ne seront pas pour autant dénuées de sens, vestiges d’une vie passée vers laquelle le protagoniste souhaite revenir différemment, en arpentant des couloirs rocailleux devenus métaphores de ses propres obstacles à franchir.

Si le métrage aurait rapidement pu tourner au trip philosophique larmoyant, Denis Imbert réussit à contenir son récit sur 90 minutes, ne cherchant pas à appuyer le côté dramatique de l’ensemble au-delà des faits déjà bouleversants. Certains flashbacks sont probablement maladroits, la voix-off pas toujours opportune, mais l’émotion est bien réelle, d’abord parce que les mots de leur auteur sont magnifiques, mais aussi parce que les images les célèbrent, utilisant la puissance de la caméra pour les sublimer. « Certains voulaient entrer dans l’Histoire. Nous étions quelques-uns à préférer disparaître dans la géographie ». "Sur les chemins noirs" pourrait se résumer à cette citation initiale, une contemplation méditative qui nous sort du quotidien, nous vole à l’effervescence du monde. Et juste pour cela, le détour par la salle obscure ne sera pas une marche inutile.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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