SUPERSTAR
L’incroyable destin de M. Kazinski
Quel incroyable destin que celui du personnage joué par un impeccable Kad Merad. Et quel autre cinéaste que Xavier Giannoli pouvait nous le conter ? Difficile d’imaginer une histoire aussi incroyable sous la caméra d’un autre réalisateur, tant le sujet semble convenir à la perfection au cinéma populaire et intelligent de Giannoli. Car en véritable auteur, le cinéaste continue de creuser son propre sillon, s’attachant à transformer des protagonistes réalistes et ordinaires en authentique héros de cinéma.
Le chanteur de bal et l’escroc, pivots centraux respectifs du beau "Quand j’étais chanteur" et de l’excellent "À l’origine", contenaient en eux les germes de cet incroyable personnage qu’est Martin Kazinski. La condamnation d’un anonyme à la célébrité forcée, et donc à un destin hors norme, voilà ce que raconte ce "Superstar" au titre évident. Et en offrant le rôle au comédien français le plus « visible » de ces dernières années, Giannoli fait preuve d’une intelligence rare, créant ainsi une mise en abyme salutaire et bienvenue.
Là où le film force parfois un peu le trait, contrairement aux deux précédents métrages, c’est dans la caricature pas toujours très fine du milieu des médias en général, et de la télévision en particulier. Acide dans ce qu’il dit, virulent dans ce qu’il montre, le film ne prend pas de pincettes, mais parvient toujours à retomber sur ses pattes en restant à hauteur de ses personnages. Le casting, parfait (Cécile de France et ses yeux bleus…), rend l’ensemble perpétuellement attachant. Rythmé à la perfection, jamais moralisateur, toujours émouvant, "Superstar" est donc plus que la comédie basique vendue par son affiche : une belle œuvre sur la célébrité et ses conséquences. On n’en attendait pas moins de ce grand cinéaste qu’est Xavier Giannoli.
Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur