STINKING HEAVEN
Un film énervant sur la forme et inexistant sur le fond
Lorsque Nathan Silver a décidé de s’emparer de la question du communautarisme, il savait qu’il voulait le faire avec un réalisme accru. Alors pour essayer de raconter le quotidien d’un groupe d’anciens toxicomanes vivant dans une même demeure pour combattre leurs addictions, le cinéaste a opté pour une approche de documentariste, filmant au plus près des corps et des visages avec une image volontairement enlaidie. Sauf que ces couleurs fades et ce parti pris esthétique deviennent très vite agaçants, car ils s’avèrent être les seuls intérêts du métrage, le réalisateur ayant complètement oublié d’écrire un scénario.
Il paraît que Silver n’avait pas d’intrigue établie au moment du tournage express, et qu’il créait son œuvre au fur et à mesure des improvisations de ses comédiens. C’était un pari osé. Le problème est que le film ne dépassera jamais la simple succession de séquences dédiées à un personnage, ne formant aucune cohérence dans son ensemble. Pourtant, il y avait probablement mieux à faire de cette communauté prônant les bienfaits d’une vie ascétique et dont l’arrivée d’une femme va provoquer le chaos. En s’emparant de la fracture grandissante dans le groupe, le film aurait pu enfin développer un propos et arrêter de se regarder le nombril.
Malheureusement, "Stinking Heaven" est et ne sera qu’un exercice de style à la mise en scène étourdissante, aux personnages antipathiques et aux rebondissements inexistants. Jamais intriguant, même pas déroutant, le film, malgré son enrobage pseudo-intellectuel et arty, n’en demeure pas moins que très banal. On saluera la tentative, beaucoup moins le résultat…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur