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STAN ET OLLIE

Un film de Jon S. Baird

Le crépuscule des deux

En 1937, Laurel et Hardy sont au sommet de leur gloire. Malgré ça, ils ne gagnent pas autant qu’ils devraient car ils sont tributaires de leur producteur. Laurel veut que cela change à l’inverse de Hardy qui, criblé de dettes, craint de ne plus être payé du tout. Pour la première fois le duo de comique va être séparé. 16 ans plus tard, les deux acteurs vieillissants entament une tournée au Royaume-Uni, mais le public n’est plus au rendez-vous…

Stan et Ollie film image

« C’est moi Laurel, c’est toi Hardy, c’est toi le gros et moi le petit !… ». 80 ans après, cette petite mélodie résonne encore dans les mémoires quand on évoque Stan Laurel et Oliver Hardy, l’un des duos comiques les plus célèbres du cinéma d’avant guerre. Malheureusement à l’instar de leurs contemporains Harold Lloyd et Charlie Chaplin, les deux comédiens n’ont pas réussi à devenir producteurs pour être totalement libres dans la réalisation de leurs films. Usés par cette obligation de respecter les moindres conditions de leurs contrats, les deux hommes finiront leur carrière fatigués, courant après le moindre cachet pour pouvoir vivre.

C’est cette période de déliquescence que Jon S. Baird, décide de raconter au travers de la dernière tournée des comiques au Royaume-Uni. Très appliqué dans le style : “Stan & Ollie“ commence par un impressionnant plan séquence. Le film se pare ensuite d’une ambiance vintage. Les décors ressemblent à ceux créés en studio dans les années 50 et les éclairages enveloppent les personnages d’une ambiance joliment feutrée. Pour accentuer l’effet de vieillesse des protagonistes, l’écriture du scénario se veut nonchalante. Une mélancolie, parfois trop appuyée, qui pousse le film dans un registre un peu trop mélo.

Heureusement, le scénario ne se concentre pas uniquement sur la mise à l’épreuve du duo par une tournée éprouvante. Il met aussi en scène les épouses des acteurs. Comme les différences physiques des deux hommes, les caractères de leurs femmes sont tout aussi antinomiques. La femme d’Hardy est simple et très amoureuse de son mari, alors que Madame Laurel use avec excès de son accent russe pour jouer les divas insatiables. La rivalité entre ces deux femmes que tout oppose apporte ainsi ce qu’il faut de piment pour que ce biopic ne bascule pas dans l’hommage solennel.

Enfin, on ne peut conclure sans mentionner les deux acteurs principaux dont le jeu respecte parfaitement le mimétisme caractéristique des deux comiques. Certes, John C. Reilly est bien aidé par le masque jovial en latex de son personnage, mais l’illusion est parfaite, tout comme la prestation de Steve Coogan, presque méconnaissable tant il incarne avec justesse la mélancolie maladroite de Laurel. Que ce soit dans l’intimité ou sur scène, tous deux réussissent à incarner l’âme de ce duo si célèbre que même si on a oublié leurs films, leurs personnages sont à jamais ancré dans nos souvenirs d’enfance, même si on est né plusieurs décennies après leur mort. « …C’est toi Laurel, c’est moi Hardy. Nous sommes Laurel et Hardy ».

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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