SOUVENIR
Une romance délicieusement rétro
Liliane travaille aujourd’hui dans une usine de charcuterie, mais à une autre époque, elle était Laura, star de la chanson qui a connu son heure de gloire à l’Eurovision. Lorsque l’un de ses collègues la reconnaît et décide de relancer sa carrière, elle voit dans la fougue de son jeune amant l’espoir d’une seconde chance…
Liliane mène une vie solitaire. Si elle travaille dans une usine de fabrication de charcuteries, on ne peut pas dire que ses collègues soient ses amis, passant la grande majeure partie de ses soirées seule, une bouteille en guise de compagnon. Mais un jour, Jean, recruté en intérim, reconnaît en elle celle qui dans les années 70 sous était Laura, chanteuse de variétés ayant connu un certain succès avec sa participation à l’Eurovision. Une relation particulière se noue entre eux, l’ancienne gloire trouvant, dans les bras de ce jeune boxeur amateur, un nouvel espoir, celui-ci transposant ses rêves de réussite dans un come-back inespéré de la chanteuse préférée de son père. Et les premières minutes froides et austères, peinture d’un milieu social dans le style Dardenne, laissent alors place à des fantaisies esthétiques plus proches d’un Baz Luhrmann.
Car plus le métrage avance, plus le kitsch ostentatoire et l’atmosphère rétro enrobent cette charmante comédie romantique. Rien n’est crédible, mais cette dimension décalée est pleinement assumée, offrant au film un univers baroque et onirique qui le transforme en conte intemporel. La mue du jeune Jean, pénétrant dans un monde dont il ne connaît pas les codes (lui permettant de passer à l’âge adulte) et la renaissance de la protagoniste principale, capturées avec bienveillance, ont quelque chose de profondément touchantes. Avec son envoûtement désuet et les morceaux musicaux savoureux signés Pink Martini, “Souvenir” est un bonbon qui se déguste sans modération. Peu importe, que celui-ci ne soit pas suffisamment acidulé (le scénario demeurant très sage et n’exploitant pas tout le potentiel de son postulat de départ), la prestation d’Isabelle Huppert, une nouvelle fois éclatante en cette année 2016 riche en beaux rôles, vaut largement le déplacement.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur