Festival Que du feu 2024 encart

SOUS LES JUPES DES FILLES

Un film de Audrey Dana

...eh bien, il n'y a pas grand-chose !

Mères de famille, femmes d’affaires, copines, maîtresses, épouses… Toutes représentent une facette de la femme moderne. Et toutes vont se rencontrer, se déchirer, se confronter au cours des 28 premiers jours du printemps à Paris…

Rêvons un peu. Tentons d’imaginer ce qu’une telle affiche semble promettre à première vue : en gros, le casting féminin le plus prestigieux de l’année au cœur d’un film choral sur les mille et une facettes des femmes d’aujourd’hui. Sans parler d’un titre qui ne cache rien de ses intentions en même temps qu’il suscite la curiosité sur le véritable contenu du film. Au lieu de quoi, le fantasme s’évapore vite fait au profit d’une sitcom bavarde et poussive, sorte d’ersatz du "Cœur des hommes" sous œstrogènes que l’on imagine conçu pour surfer en large partie sur la mode du film de bande de filles, devenu aussi bien un genre en soi qu’un marché potentiellement lucratif. Après la récente déception suscitée par "Les Gazelles", le fait de voir autant de grandes actrices se fourvoyer dans un tel ramassis de clichés éculés sur les femmes ne fait que prolonger la descente aux enfers.

Tout comme Olivier Dahan s’était borné dans "Les Seigneurs" à rassembler tous les comiques de l’Hexagone sans jamais leur donner la moindre occasion de mettre à profit leurs talents respectifs, l’actrice Audrey Dana, qui signe ici son premier film en tant que réalisatrice, pousse chaque actrice (y compris elle-même !) à enfiler la panoplie d’un stéréotype féminin récurrent (la romantique, l’hystérique, la working-girl, la lesbienne, l’angoissée, etc…). Et… c’est tout. Le scénario ne vise qu’à jouer sur l’enchevêtrement progressif de sous-intrigues plus sommaires et convenues qu’elles n’en ont l’air, le tout épicé de petits zestes de mauvais goût (que l’on doit surtout à Laetitia Casta, peut-être la seule à tirer son épingle du jeu) et filmé tantôt comme un téléfilm TF1 à la limite du diffusable, tantôt comme un spot de publicité pour accessoires de salle de bain.

Sans atteindre le degré d’horreur d’un "Sex & the City 2", Audrey Dana n’accouche de rien d’autre qu’un produit de consommation inutile et bêta, censé transcender l’image caricaturale des femmes mais qui ne réussit en fin de compte qu’à en faire les égales des hommes en matière de beaufitude. Au mieux, ça donne la curieuse impression de militer par erreur pour l’égalité des sexes. Au pire, ça susciterait presque des relents de misogynie chez les spectateurs mâles. Et avec un casting aussi classe, c’est quand même un comble !

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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