SONIC LE FILM
Pour un (très) jeune public… ou pour Jim Carrey ?
Réfugié sur Terre dans la petite bourgade de Green Hill, depuis une dizaine d’années, après avoir été forcé de quitter son monde natal, Sonic, un hérisson bleu, provoque une panne de courant générale, mettant le gouvernement américain et le redoutable Dr Robotnik à ses trousses…
On ne vous ne l’apprendra probablement pas, mais "Sonic : Le film" est un projet qui aura beaucoup fait parler de lui, notamment à la sortie de la première bande annonce, les fans du hérisson bleu étant montés aux créneaux quant au design, il faut l’admettre, assez disgracieux de la bestiole, au point de forcer la production à revoir son character design. Aujourd’hui, le film arrive sur nos écrans, et si le nouveau design de Sonic semble avoir obtenu l’aval de tout le monde, qu’en est-il du reste du film ?
Et bien, malheureusement, celui-ci ne sera pas très marquant. L’histoire se veut extrêmement simple, certainement pour viser un (très) jeune public, et ne s’encombre pas trop des aléas de la continuité dramaturgique tels qu’on l’entend habituellement. Comprenez par-là que la narration adopte une logique très BD, où tout est au service de l’avancement de l’intrigue, ou de divers gags. L’exemple le plus frappant est le fait que Sonic n’a besoin que d’un poncho, un chapeau de cow-boy et de vulgaires lunettes pour passer inaperçu aux yeux de tous, ou encore, le fait que Tom soit affiché à la télé comme terroriste pas Robotnik, mais que ça ne l’empêche jamais d’accomplir ses objectifs (en fait ce fusil de Tchekhov – ou détail mémorable - est utilisé uniquement pour une blague particulière). Cela peut rendre le film dur à apprécier pour les spectateurs ayant le plus de mal à suspendre leur incrédulité. Mais, une fois acceptée cette logique, elle permet de suivre le film assez tranquillement, ce dernier étant bien évidemment très convenu et sans surprise, mais pas catastrophique.
Concernant l’humour, là encore il vise les tout-petits. On aura donc droit à des successions non-stop de blagues, souvent des jeux de mots, qui, bien que souvent médiocres, arrivent tout de même par moment à arracher un sourire. On notera surtout la prestation de Jim Carrey, qui revient à ce qui a fait sa renommée au début de sa carrière, même si l’impact est bien moindre qu’à l’époque. Les petits (et voire même les grands) vont particulièrement apprécier sa gestuelle et la mise en scène de son corps, toujours aussi bluffant, pertinent et surprenant, même au bout de trente ans.
Les autres personnages sont tous très caricaturaux et finalement confinés à une fonction bien définie, leur empêchant toute progression dramatique. C’est le cas notamment pour le personnage de James Mardsen, qui abandonne ses rêves d’un coup, pour se plier à la morale du film (plus que conservatrice d’ailleurs, mais chacun sera juge) qui est que « finalement, on est bien chez soi, pas besoin de vouloir tenter autre chose ailleurs ». L’ensemble des enjeux est donc assez minime, n’ayant que peu de rapport aux personnages… Mais cela marche dans l’absolu.
Concernant la mise en scène, là encore, tout est assez mollasson. La réalisation de Jeff Fowler, qui signe là son premier long métrage, manque cruellement d’audace et d’inspiration (et aussi de financement il faut croire), car la caméra se contente de filmer ce qui doit être montré, sans plus, avec de simples champs contre champs la plupart du temps, à hauteur des personnages. La seule scène qui dénote, reste la bagarre dans le bar, avec le ralenti, comme c’est devenu une habitude depuis "X-Men : Days of future past" il y a cinq ans, mais qui fait pâle figure face cette dernière.
Pour finir, un petit mot sur la version française. Si Emmanuel Curtil double toujours avec un cabotinage savamment dosé Jim Carrey, Malik Bentalla peine vraiment à convaincre et se révèle bien meilleur face caméra que derrière un micro, les émotions n’étant tout simplement pas au rendez-vous. En conclusion, "Sonic le film" se révèle moins catastrophique que prévu, bien que très convenu, et on vous conseille de voir les différentes bandes-annonces qui sont pour le coup bien représentatives du produit final, si vous hésitez à aller le voir sur grand écran.
Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur