Festival Que du feu 2024 encart

SON FRERE

Un film de Patrice Chéreau

La maladie mise à nue : Bouleversant

Thomas (Bruno Todeschini) est atteint d'une maladie qui détruit ses plaquettes sanguines. Affolé par l'idée de devoir subir un nouveau traitement en hôpital, il se rend chez son frère Luc (Eric Caravaca), avec lequel il avait jusque là très peu de contact, et lui demande de l'accompagner pour des examens…

Patrice Chéreau réalise avec " Son frère " un film quasi viscéral où l'on suit à la fois les retrouvailles de deux frères à l'occasion d'une plongée dans la maladie et son douloureux traitement, et les derniers instants d'une complicité avec cet homme condamné. Son film oscille donc en permanence entre les couloirs et chambres glacés d'un hôpital parisien et des paysages marins envoûtants et surtout apaisants. Il nous emmène dans les tréfonds de l'âme d'un garçon qui s'intéressait bien peu aux autres, et qui un jour doit appeler à l'aide.

Plus que la souffrance physique, ce sont surtout les aspects psychologiques du traitement qui intéresse le réalisateur de " Ceux qui m'aiment prendront le train ". Exposant sans complexe le corps de l'homme malade et les actes cliniques les plus basiques et les plus intimes du traitement (la scène de rasage pré-opératoire, est un summum de gêne), il donne à voir la promiscuité et l'absence d'intimité en milieu hospitalier. Filmant au plus proche des corps, il provoque des émotions inattendues et parfois épidermiques.

Si l'on saluera la performance de Bruno Todeschini, littéralement transformé, suant de toute sa souffrance cachée, c'est surtout le personnage d'Eric Caravaca qui attire l'attention. Mélange de bonté et de bonhomie, il incarne le regret d'une relation fraternelle tardive et l'ensemble des reproches qu'on peut faire aux gens qu'on n'a pas choisi. Et comme il le dit si bien, son frère " est le premier homme " qu'il a connu, et " ça devrait toujours être ça un frère, non " ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire