SOLOS
Petit mais costaud
Avide de nouvelles aventures sexuelles, un étudiant vivant avec son professeur depuis un certain temps, souhaite mettre un terme à leur relation. La mère du jeune homme, qui ne s’est jamais remise d’avoir été délaissée pour un homme, tente de renouer avec son fils…
Ce petit film tourné en numérique a été présenté en compétition du festival du cinéma asiatique de Deauville 2008. Film singapourien censuré dans son pays en raison de la crudité des scènes de sexe, « Solos » expose avec une étonnante désinvolture une histoire homosexuelle, doublée d’un triolisme amoureux (la mère veut sa place dans la vie amoureuse de son fils). Désinvolture, parce que la relation qu’on devine comme étant illégitime entre le professeur et son élève est décrite dans sa routine de vie de couple, et non comme un phénomène marginal. Désinvolture aussi, parce que l’indécence est à deux niveaux : celui de la représentation de l’homosexualité dans un pays résolument peu disposé à l’accepter, et celui du détail concernant la différence d’âge, qui vient rajouter une couche d’anticonformisme à l’intrigue.
Les deux jeunes réalisateurs, dont l’un interprète lui-même le rôle de l’étudiant, réussissent l’incroyable pari de traiter de façon poétique un sujet susceptible de choquer. Le recours à une mise en scène figée, souvent cadrée en contre-plongée, donne plus de poids aux individus, dont les gestes et déplacements viennent contrebalancer l’absence totale de dialogue (et oui, c’est un film muet).
Or l’ennui, avec « Solos », est qu’il ne se passe quasiment rien du début à la fin. Le maigre fil conducteur du récit se limite à trois ou quatre longues scènes de vie, au travers de plans fixes qui se succèdent un peu platement. L’histoire de la mère, notamment, souffre d’un manque de consistance. Le sujet principal du film, à savoir l’autisme des personnages et leur incapacité à communiquer, se retourne contre lui-même en créant le vide scénaristique. Il n’en reste pas moins un certain intérêt esthétique porté par une musique électro envoûtante et un travail remarquable sur l’image, qui semblent tout droit sorties d’un rêve.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur