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LA SOLEDAD

Un film de Jaime Rosales

Grand moment de solitude

Récits croisés de deux destins urbains : Adela a décidé de commencer une nouvelle vie. Elle quitte sa petite ville de province pour s'installer à Madrid avec son bébé. Malgré les difficultés qu'implique un tel changement, elle trouve un travail et noue de nouvelles amitiés. C'est alors qu'un attentat terroriste brise sa vie. Antonia est propriétaire d'un petit supermarché à Madrid. Elle mène une vie tranquille, entourée de son compagnon et de ses trois filles. La paix familiale se brise lorsque sa fille aînée lui demande de l'argent pour s'acheter un appartement…

Que « La soledad » de Jaime Rosales ait remporté deux des plus hautes distinctions durant les Goya (équivalents espagnols des Césars), à savoir ceux du Meilleur film et du Meilleur réalisateur, ne prouve qu’une chose : que le réalisme social est un thème capable de toucher au plus profond la société espagnole, assez en tout cas pour confondre un jury de professionnels ; mais cela ne signifie en rien, et heureusement, qu’une si totale absence de mise en scène parviendra à trouver un public réceptif.

Car malgré ses récompenses, méritées ou non, il nous semble essentiel de relever que Rosales construit pierre par pierre son édifice en oubliant totalement son public. Les trois échelles de plans qui se répètent durant ses 2h10 de métrage sont peut-être la marque d’une certaine fainéantise (on entendra sans doute dire qu’il « théorise son sujet »), c’est impossible à savoir ; il est en tout cas regrettable qu’aucun mouvement de caméra, si léger soit-il, ne vienne donner un coup de pouce à une mise en scène qui se meurt inlassablement le long de ces cent trente minutes de solitude.

Chronique sociale, cette "Soledad"? Oui, mais personne n'a décrété que la chronique sociale devait se passer de mise en scène, et proposer à son spectateur une représentation si plate et ennuyeuse de la réalité. Il peut y avoir de l'invention, de l'ambition dans ce type de chronique, comme l’on pouvait le voir chez Luchino Visconti ou Michelangelo Antonioni. Jaime Rosales s'est sans doute dit que son sujet, l'histoire parallèle d'une mère qui refait sa vie et d'une famille de soeurs aigries qui se battent pour l'amour de leur mère, devait suffire sans sa puissance sociale à contenter un public qui n'oserait pas critiquer son manque d'inventivité de peur de sembler indélicat.

Mais n'ayons pas peur de dire que cette "Soledad", et cela sans vouloir paraître indélicat, n'est qu'un encéphalogramme totalement plat, digne de ces radios médicales que les médecins passent dix minutes à vous commenter et auxquelles, décidément, vous ne trouvez rien à voir. Voilà, c'est ça : "La soledad", c'est un cliché aux rayons X de la société espagnole qui n'a rien à offrir de plus que sa surface désespérément lisse.

Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteur

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