SOEUR SOURIRE
Sacré destin !
Tout le monde connaît la fameuse chanson et ses paroles "Dominique, nique, nique..." qui fut le succès inespéré de la soeur XXXX autrement dénommée par sa maison de disques et l'archevéché "Soeur Sourire" (marque déposée). Mais tout le monde, sauf peut-être nos voisins belges, ignore les turpitudes et la vie pour le moins insolite qui mena la jeune femme de sa boulangerie natale au suicide, en passant par le couvent, une maison douillette, des problèmes fiscaux ou encore la scène.
Car de destin aussi orignal que politiquement incorrect, la jeune femme l'a bâti à force d'incertitudes, de révolte rentrée et de volonté inébranlable. Et le film la décrit comme telle, tête de mule au grand coeur, toujours en quête d'un sens à son existence. Un vrai parcours de femme, à la recherche de sa vocation, désireuse de liberté et pleine de criantes à la fois. La linéarité de l'histoire, posant d'emblée un potentiel succès publique (on la voit initialement entrer en scène sous les cris de la foule), sert parfaitement la compréhension de ce personnage aussi entier qu'attachant.
Cécile De France lui apporte une touchante naïveté, teintée d'une force incroyable. Son charisme emporte nécessairement l'adhésion, autant que le délage de son personnage avec tout environnement, qui fonde les touches d'humour qui jalonnent le film. Et l'on aime autant son personnage que ceux de la mère supérieure ou de la doyenne, interprétée avec malice par Tsilla Chilton ("Tatie Danielle", "La boîte de Pandore"), décidément en grande forme. Enfin, si ses relations avec sa mère confinent par moment à l'excès caricatural, celles, plus troubles avec son amie d'enfance et potentielle amante, sonnent plus justes dans un refus tout aussi absurde que salvateur. On attend le dénouement, forcément dramatique, mais montré en toute retenue, la gorge serrée. Et l'on maudit église et fisc à la fois. C'est facile, mais ça fait du bien...
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur