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SLUMDOG MILLIONAIRE

Un film de Danny Boyle

Malin et dépaysant: la première grande réussite de l'année

Jamal Malik, 18 ans, originaire de Mumbai en Inde, donne l’une après l’autre de bonnes réponses, lors de sa participation à la version locale de « Qui veut gagner des millions ? ». Mais tout cela paraît bien louche, pour un gamin des rues, et la police l’interroge, pensant qu’il n’a pu que tricher…

L'aventure du dernier film de Danny Boyle (capable du meilleur - « Petits meurtres entre amis », « Trainspotting », « Millions », « 28 jours plus tard » - , comme du moins bon - « La plage », « Sunshine ») a commencée à Toronto en septembre, où il a reçu le prix du public, et s'est poursuivie par un carton progressif aux Etats Unis en fin d'année, doublé d'un triomphe aux récents Golden Globes (Meilleur film, réalisateur, scénario et musique). Pas étonnant, pour un feel good movie de la trempe de « Juno » l'an dernier, qui donne envie de croquer la vie à pleines dents, quelles que soient les barrières que l'on vous met dans les roues.

Si certains trouveront le montage pénible au début, il faut bien avouer qu'il participe fortement à l'intensité grandissante du film, bizarrement absente des scènes de jeu (qui veut gagner des millions à la sauce indienne...), qui confèrent à une accalmie provisoire, bardée de faux suspense. L'atout principal de « Slumdog Millionaire » est sans doute la construction de son récit, aussi originale que palpitante, basée sur le lien entre les questions du jeu et le passé du jeune homme, d'autant que les indices, disséminés au long de sa courte vie, ne sont jamais vraiment là où on les attend.... On ne sait d'ailleurs pas non plus réellement où il en est du jeu... A-t-il gagner ? L'arrestation a-t-elle vraiment lieu après la fin du jeu ? Un léger brouillage temporel qui rajoute au plaisir du puzzle qui se construit sous nos yeux.

Au passage, Simon Beaufoy, scénariste de « The full Monty » nous concocte un incroyable voyage au coeur d'une Inde méconnue, casse les clichés sur les castes... et montre une société en pleine évolution. D'une fratrie bancale, il nous entraîne vers des luttes contre la mafia, des trahisons inavouables, tout cela grâce au portrait de gamins malins qui feront tout pour s'en sortir, volant de chaussures, se faisant passer pour de faux guides, ceci jusqu'au vrai faux pas... erreur de jeunesse justifiées par leur situation. Et la mise en scène de Danny Boyle, secouée, colorée, dépayse autant qu'elle donne à voir les couleurs et les senteurs de ce pays multiple.

Mais c'est dans la dimension amoureuse que le film prend toute sa dimension, dans le refus du personnage principal, Jamal, d'avouer la perte de l'autre, « Latika ». Un relief tragique qui interpellera chacun au plus profond, jouant avec une notion de Destin indissociable du pays, et ici aussi moderne que crédible, notamment grâce à trois jeunes acteurs et actrice aux charmes incroyables. Alors n'hésitez pas à plonger dans les bas fonds, ceci pour mieux retrouver une pêche communicative, comme nous la transmet notamment l'inattendue scène du générique de fin.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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