SLEEPLESS
La nuit de la poudre blanche
"Sleepless" est le remake américain de "Nuit blanche", polar français (plutôt moyen) réalisé en 2011 par Frédéric Jardin. Pour l’essentiel, il reprend la trame du long métrage français, recopiant certaines scènes tout en ayant une certaine liberté dans la volonté d’en prolonger une partie ou de donner plus ou moins d’importance à certains personnages.
On relèvera que le héros, blessé pendant la quasi-totalité du film à la suite d’un coup de couteau, réussit à se défendre facilement malgré quelques difficultés. Cette blessure peut être vue comme le symbole de la situation qu’il doit réparer car elle ne cesse de la lui rappeler par la douleur qu’elle lui inflige. Blessure qui ne pourra guérir qu’une fois son fils libéré et l’ordre rétabli. On est à nouveau face au schéma du héros se battant contre un système pourri jusqu’à la moelle et qui ne trouve une aide qu’auprès de sa famille et de sa « collègue » féminine (forcément, la personne non corrompue reste une femme). Vous l’aurez compris, le personnage principal est placé dans un bourbier sans nom renforcé par l’aspect labyrinthique du casino-boîte de nuit dans lequel nous sommes enfermés pendant les trois-quarts du temps.
La réalisation est on ne peut plus classique et tranche avec celle de l’original français qui était parfois chevillée au corps de Tomer Sisley. Jamie Foxx assure mais le reste du casting ne suit pas forcément, hormis Michelle Monaghan, parfaite en flic des affaires internes qui décide de le traquer. Le scénario, quant à lui, est très convenu, les diverses révélations n’étant pas si inattendues que ça. Les combats sont assez bien dirigés. On regrettera le dernier acte dans le parking, emballé à la va-vite. Quant à la scène finale (absente de l’original), elle nous prépare à une possible suite ou sert au moins à accroître le nombre de personnages corrompus par rapport à ce qu’on croyait jusque-là.
Les méchants sont généralement le sel d’un long-métrage tel que celui-ci. Or le gérant du casino est dépassé car ce n’est pas lui qui est en position de force, contrairement à la version française. Et pour ce qui est du fournisseur de drogue, même s’il a plus d’importance que dans "Nuit blanche", il n’en reste pas moins peu charismatique. Le rapport de force est donc totalement inversé entre le gérant et le fournisseur de drogue dans les deux versions.
Enfin, on notera au passage un générique de fin reprenant l’esthétique du générique de la série "True Detective". "Sleepless" s’avère être un film policier quelconque, qui n’amène rien de nouveau dans le domaine, mais qui remplit facilement sa mission : divertir. Pour le reste on se passera bien d’une nuit blanche comme celle-ci.
Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur