SLEEP
Et la clarté dans tout ça ?
Marlene fait des rêves récurrents où elle se retrouve dans un hôtel avec quatre hommes. Aidée par sa fille, Mona, qui constate qu’elle fait des apnées du sommeil, elle prend rendez-vous avec un spécialiste. Mais avant de consulter, elle reconnaît dans une annonce d’un magazine la façade de l’hôtel en question et s’y rend en secret. Sur les murs, elle reconnaît alors les portraits de trois des hommes en question, et dès la première nuit sur place, tombe en catatonie. La retrouvant à l’hôpital, sa fille se met à enquêter en se rendant dans l’hôtel en question…
Découvert au dernier Festival de Berlin dans la catégorie dédiée aux films allemands, "Sleep" ("Schlaf") intriguait forcément par la présence de Sandra Hüller (l’actrice de "Toni Erdmann") dans un film d’horreur. Mais la déception fut rude face à la finale quasi absence de l’actrice au profit de la jeune Gro Swantje Kohlhof, au mélange indigeste entre cauchemars récurrents, énigmes à base de dessins, hôtel à la "Shining", apparitions, passé caché, célébrations douteuses, ou encore vengeance politique, le tout ne provoquant chez l’héroïne (la fille d’une hôtesse de l’air, bloquée dans un état de stupeur) que peu de réaction face notamment aux défunts qu’elle peut apercevoir ça et là. La crédibilité des personnages n’est donc clairement pas au rendez-vous, même si l’idée de départ était plutôt intéressante.
Dès le début, Michael Venus nous perd cependant rapidement. D’abord en faisant s’enchaîner trop rapidement les découvertes, des carnets de dessin de la mère à l’hôtel sorti des cauchemars de celle-ci (un hôtel forcément désert, cela évitant la moindre interaction avec des clients potentiels...), en passant par des figures récurrentes de sangliers, ou un médecin bien hâtif dans ses conclusions. Ensuite en démultipliant des personnages annexes intrigants, de la femme de chambre pas farouche au caissier de la supérette du coin, jusqu’au couple de propriétaires de l’hôtel forcément douteux dans leur attitude hautaine ou autoritaire.
Côté mise en scène on assiste à une démultiplication des effets, de l’utilisation incongrue de la musique à des perceptions inquiétantes depuis un tunnel, en passant par les effets stroboscopiques, ou encore les réveils téléphonés d’une mère protectrice. Même si l’inquiétude naît de quelques scènes, comme lorsque la patronne attache méticuleusement son mari au lit avec des sangles avant son sommeil, la clarté de l’intrigue est loin d’être évidente et l’on ressort de l’expérience avec une certaine frustration, et un certain agacement face à une fin aux multiples rebondissements.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur