SKATER GIRL
Roule, ma fille, roule !
Dans un village du Rajasthan, Prerna est une adolescente qui vit dans des conditions miséreuses, au sein d’une famille de caste inférieure soumise à la tyrannie d’un père violent et conservateur. L’avenir ne lui offre guère d’opportunité de s’en sortir, d’autant qu’elle fréquente de moins en moins l’école. Les mœurs vont alors être bousculées par l’arrivée de Jessica, une publicitaire londonienne d’origine indienne, puis par celle d’Erick, son ami américain qui se déplace en skateboard. Cet objet va révolutionner la vie du village et celle de Prerna en particulier…
Sortie le 11 juin 2021 sur Netflix
"Skater Girl" est séduisant sur le papier : on nous promet une belle histoire d’émancipation par le sport malgré un environnement familial et culturel sclérosant. Donc une sorte de "Billy Elliot" version skate féminin en Inde. Le résultat n’est que partiellement à la hauteur car bourré de clichés et engoncé dans une mise en scène souvent pompeuse. Au final, les bons sentiments ne suffisent pas à compenser le manque de surprise et de vraisemblance, avec des retournements de situation à la fois prévisibles et peu crédibles. L’interprétation manque également de finesse, à quelques exceptions près dont de l’inexpérimentée Rachel Saanchita Gupta, bouleversante dans le rôle de Prerna.
On peut malgré tout se laisser porter par les messages du film (s’ouvrir sur le monde, bousculer les verrous sociétaux en termes de sexe ou de caste…), par la touchante relation entre Prerna et son amoureux, ou encore par la belle photographie du film (signée notamment par Alan Poon, déjà à l’œuvre sur deux autres films Netflix, "Kodachrome" et "Awake"). On pourra également s’émerveiller par les conséquences que peut avoir localement un film lorsqu’il s’accompagne d’un projet concret : un peu comme la véritable tentative de réouverture d’un cinéma abandonné dans le cadre du tournage de "Kabullywood", la production de "Skater Girl" s’est en effet accompagnée de la véritable création d’un skate park – le plus grand d’Inde – dans le village du film, au fin fond du Rajasthan. Rien que pour ça, ce film mérite une certaine admiration malgré ses nombreux défauts.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur
