Festival Que du feu 2024 encart

SING STREET

Un film de John Carney

Plongée dans l’univers du rock

Nous sommes dans les années 80 en Irlande. Conor, un jeune écolier, doit rejoindre l’école publique suite aux problèmes financiers de ses parents. Après un temps d’adaptation plutôt dur, il rencontre Raphina, une jeune fille habitant en face de son école. Pour la conquérir il décide de faire comme ses idoles qu’ils voient dans les clips et monte un groupe de rock...

Difficile aujourd’hui de faire des films musicaux sans tomber dans les stéréotypes un peu mièvres souvent amenés par une histoire d’amour tellement magnifique que les personnages se mettent à chanter. Et bien, Sing Street parvient à nous emmener pleinement dans son monde, malgré l’histoire d’amour qui fait pousser la chansonnette. Et ce, même si la motivation première est celle de la conquête de la belle et mystérieuse Raphina. Il faut dire que les morceaux du groupe de Conor sont bien intégrés dans le récit et toujours rock’n’roll à la manière de tous ces groupes britanniques des années 70-80. On se prend même à avoir hâte de découvrir le prochain titre.

Il faut dire que la surprise est à chaque fois au rendez-vous car comme le protagoniste, Gary Clark, le compositeur, s’est inspiré des grands groupes des eighties (dont il a fait partie avec son groupe Danny Wilson) avec notamment une influence de Duran Duran. D’ailleurs on attend systématiquement avec impatience de voir quelle inspiration aura Conor et surtout dans quelle tenue typique des années 80 il arrivera à l’école. De la coupe émo au combo chapeau/long manteau, tout y passe et on redécouvre avec un plaisir moqueur tous ces looks qui faisaient la mode de l’époque. Bref, le voyage dans le temps fonctionne aussi bien esthétiquement (les décors ont été parfaitement choisis) que musicalement. Dans ce sens on retrouve un peu de ce qui faisait le charme d’un film comme Good Morning England : la vie en musique des années 1980 de l’autre côté de la manche, un vrai bonheur.

Mais réduire Sing Street à son univers musical ne serait pas juste. Le film aborde, toujours avec pertinence, des thèmes plus sociétaux. En effet, dans les eighties, tout n’était pas rose en Irlande. La récession économique est bien présente et même primordiale dans l’intrigue vu qu’elle pousse Conor à rejoindre cette nouvelle école. De plus, la question du divorce est également abordée alors que le sujet était plutôt tabou à l’époque. C’est donc dans un univers dur qu’évoluent les personnages et c’est d’ailleurs un peu de sa propre histoire qu’a voulu partager John Carney avec ce film.

L’école était souvent dirigée par des curés qui ne pouvaient assimiler les changements sociaux majeurs qui étaient en train de se produire. Et cette opposition est bien montrée dans le film, récompensé récemment de 3 prix au Festival de Dinard. A noter que cette fenêtre sur le passé fonctionne aussi car elle nous est dépeinte par une bande d’acteurs vraiment justes. Chacun campe son rôle à la perfection et nous donne un panel assez représentatif des différentes cultures qui se côtoyaient (et qui se côtoient toujours) dans les rues de Dublin. Pourtant beaucoup d’entre eux tournaient ici dans leur premier film. Comme quoi avec beaucoup de cœur et de talent, tout genre cinématographique est bon à revisiter !

Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur

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