SI ON CHANTAIT
Une comédie bricolée au fort capital sympathie
Deux ans après la fermeture de leur usine, à Quiévrechain, ville industrielle du nord de la France, Franck, ancien chef de chœur aujourd’hui livreur, a une idée apparemment saugrenue lorsqu’il sauve la mise à l’un de ses clients qui avait oublié l’anniversaire de sa femme… en improvisant une chanson ! Et s’ils montaient une entreprise de livraison de chansons à domicile, pour toutes les occasions…
Après "Mine de Rien" début 2020, où d’anciens ouvriers construisaient un parc d’attraction de fortune sur le site de leur ancienne usine, il souffle sur "Si on chantait" un petit vent de "Full Monty" et de ces comédie au fond social poussant des relégués de la société à l’inventivité, dont (presque) seuls les Anglais avaient le secret. Découvert au dernier Festival d’Angoulême, lors d’une séance exceptionnelle au théâtre de la ville qui s’est terminée en karaoké avec une partie de l’équipe du film, le métrage a su remporté l’adhésion du public, grâce à des personnages attachants, des reprises entêtantes, et quelques sympathiques moments de comédie.
Le premier atout du film est sans doute d’avoir réussi à réunir un casting dont on sent, non pas la véritable cohérence, mais le réel plaisir des comédiens, d’Alice Pol usée par sa relation avec un homme marié, à Artus vivant chez sa mère et chantant faux (sauf dans un cas bien précis que l’on taira ici pour ne pas gâcher la surprise), en passant par Annie Grégorio en mère survitaminée, ou Clovis Cornillac, qui n’a pas été aussi bon depuis longtemps, en cadre un peu coincé qui aligne les humiliations en entretiens d’embauche et fait croire à sa femme qu’il a un nouvel emploi. Tous sont touchants, et se font entraîner dans cette aventure par un Jeremy Lopez ("Le Gendre de ma vie"…) qui en fait malheureusement un peu trop en amoureux secret.
Ce premier long métrage signé Fabrice Maruca séduit en fait par son aspect par moments un peu « bricolo », alliant moins un scénario structuré, qu’un ensemble d’idées séduisantes, comme le club Tupperware qui devient une foire aux objets sexuels ou la chanson de départ de Cornillac de son nouveau bouleau (une idée quelque peu piquée à une publicité pour des jeux d’argent… mais qui fonctionne toujours). Alors bien sûr les messages envoyés au travers des chansons seront souvent très explicites, mais le détournement est parfois au rendez-vous, tout comme l’émotion, qu’il s’agisse du Julien Clerc du titre, de « Je te promets » de Johnny Hallyday, de mélodies de Michel Fugain ou des 2Be3. En ces moments de passage à l’heure d’hiver chacun a bien besoin d’un petit coup de boost, et "Si on chantait", malgré tous ses petits défauts (la rapidité du traitement du conflit père-fils notamment...), pourrait bien vous le donner.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
danoche
dimanche 2 janvier - 7h41
Pour Olivier Bachelard : une faute d'orthographe assez grosse (boulot et non bouleau). Le travail de Clovis Cornillac n'est pas un arbre !!!