THE SHOCK LABYRINTH 3D
Un pénible dédale
Disparue depuis dix ans, Miyu réapparait subitement dans le quotidien de sa bande d’amis d’enfance. Interloqués et même suspicieux par rapport à la soudaine réapparition de la jeune fille, ces derniers s’occupent d’elle jusqu’à ce qu’elle tombe malade. En voulant l’emmener dans un hôpital, le groupe se retrouve prisonnier dans un endroit qui rappelle étrangement le parc d’attraction où a disparu Miyu, dix ans plus tôt…
Le créateur des films de la série « Ju-On », plus connus sous leur titre d'adaptation américaine: "The Grudge", nous revient, au Festival de Venise 2010, dans le cadre de la sélection des films en 3D, avec un nouveau film d'épouvante, conçu tout spécialement pour ce format. Cette fois, on dirait que pour pouvoir tourner dans un parc d'attraction, Shimizu a du promettre à son gérant de lui faire une bonne communication. Car le titre original « Senritsu meikyû » renvoi au nom de la plus grande maison hantée du monde et c'est un peu un spot publicitaire d'une heure et demie que nous livre ici le cinéaste japonais.
En soit, ce ne serait pas déplaisant, si le prétexte servait un scénario de qualité. Ici, passé et présent se mélangent dans imbroglio qui finit définitivement par perdre le spectateur. Et pour cause, des événements arrivent de nulle part. Les pauvres gosses ne comprennent pas ce qu'il leur arrive. Et bien, nous non plus. Et lorsque les jeunes commencent à comprendre le rapport avec les événements passés, cela devient très explicatif. On se croirait dans un manga du Club Dorothée. Shimitzu nous ressasse quinze fois la même scène (celle de l'accident) et les séquences d'épouvante à base de lapins en peluche en deviennent risibles.
Toutes les évidences sont dites et re-dites avec, en prime, le sur-jeu de tous les jeunes du casting. Et ce n'est malheureusement pas la présence de Yuya Yagira, jeune qui a reçu le prix d'interprétation à Cannes pour « Nobody Knows », qui change la donne. Leurs lignes de dialogues semblent avoir été écrites par le Lapalisse des films d'horreurs et sont d'une banalité affligeante et d'une redondance exaspérante. En plus de cela, tous les jeunes sont affligés de soudaines pertes de mémoire incohérentes et convenues (aucun ne se souvient du drame arrivé à Yuki), ce qui nous donne encore droit à des dialogues inutiles expliquant les flashbacks que l'on vient d'ingurgiter. Glurps! Excusez-moi, j'ai des aigreurs…
Concernant l'attrait marketing du film d'horreur en 3D, il y a bien quelques plans intéressants dans cette gigantesque maison des horreurs, mais hélas sans grandes originalités, comme ces mains tendues qui viennent nous chatouiller les lunettes ou ces plans de chutes répétés jusqu'à ce que la rétine fatigue. La 3D est globalement sous exploitée et aurait pu être utilisée pour de belles frayeurs comme l'a fait Joe Dante pour son "The Hole". Le réalisateur finit aussi par fatiguer avec des effets sonores de pachyderme spécialement conçus pour tenter de faire sursauter le spectateur, mais au bout du sixième vacarme assourdissant provoqué pour de simples ouvertures de portes, cela finit par devenir sévèrement exaspérant. Comme le reste ! Alors on voit bien que Shimizu s'est évertué à transcrire une atmosphère sombre et poisseuse. Un soin tout particulier a été porté à la photo et l'éclairage. Hélas, l'histoire, les acteurs, et une fin ridicule font sombrer le film dans la banalité et le déjà vu le plus total, et finiront d'achever votre bonne volonté.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur