SHABU
Un portrait lumineux d’un adolescent dissipé et astucieux
Shabu, adolescent néerlandais de 14 ans, vivant dans la banlieue Rotterdam, a conduit la voiture de sa grand-mère sans avoir le permis. L’ayant endommagée et ayant eu droit à plusieurs amendes, il va devoir trouver l’argent pour rembourser…
Passé par les Festivals de Rotterdam et de Berlin l’hiver dernier, "Shabu" est le portrait doux amer d’un adolescent noir enrobé, connu dans sa cité de Peperklip dans la banlieue de Rotterdam. Devant 1200 euros à sa grand-mère, ce garçon qui ne perd jamais son sourire immense, va vous surprendre, la mise en scène se mettant au diapason de sa fainéantise comme de son caractère distrait. En quelques minutes à peine, on se fait une idée du personnage : il tente de vendre des glaces à l’eau, mais cela le fatigue vite, il fait les courses mais oublie le papier toilette, il s’affale sur le canapé ou parterre juste à côté, il fait semblant d’écouter le sermon d’un vétéran (le spectateur, lui, a droit alors à un effet sourdine montrant son caractère dissipé…)...
Mais le reste du documentaire, où la musique a une réelle importance, va s’attacher à montrer sa persévérance, son don pour l’organisation, son incroyable sens du rythme, et sa capacité, malgré le contexte social et les railleries, à rêver, toujours. Tel un conte aussi coloré et lumineux que son personnage central, "Shabu" émeut doublement, en abordant le rapport aux racines, mais aussi la distorsion ponctuelle de liens familiaux ou amicaux, qui sont pourtant indispensables à la construction d’une identité. Une belle surprise qu’on est heureux de voir trouver le chemin des salles françaises.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur