Festival Que du feu 2024 encart

SEULE LA VIE…

Un film de Dan Fogelman

Un mélange de styles partiellement réussi

Will et Abby s’aiment d’un amour passionnel. À l’aube de devenir parents, leur destin s’entremêle avec plusieurs autres protagonistes, dont celui de la famille Gonzalez, vivant pourtant à plusieurs milliers de kilomètres…

Créateur et showrunner du phénomène "This is Us", Dan Fogelman a décidé de retenter sa chance sur grand écran, après l’échec commercial du pourtant réussi "Danny Collins" (directement sorti en VOD chez nous). Pour cette deuxième réalisation, le cinéaste s’est lancé dans un pari fou, celui de faire rentrer l’âge d’or des shows télévisuels dans le carcan hollywoodien. Soit adopter une narration éclatée, a priori réservée aux séries, et la condenser sur moins de deux heures. De ce paradoxe, naît une œuvre 3.0, emprunte des codes de la publicité et de la pop culture, construite comme un feuilleton mais rythmée comme un film. Si ce format hybride intrigue et séduit dans les premiers instants, la suite des événements sera moins captivante.

Difficile d’établir un synopsis sans gâcher les surprises à la fois scénaristiques et esthétiques de ce métrage déconcertant. Néanmoins, comme l’explique le personnage d’Olivia Wilde, ce mélodrame repose sur le principe du narrateur non fiable, procédé qui exprime l’objectivité impossible de celui qui raconte une histoire, du fait même qu’il pose des mots choisis sur un événement. La protagoniste étaye sa thèse en allant même jusqu’à affirmer que le narrateur non fiable absolu serait la vie elle-même, puisqu’elle nous réserve un lot de surprises imprédictibles. Osant alors les digressions et les fantasmagories, la romance va évoluer au fil des rencontres et aléas de l’existence, nous baladant sur plusieurs générations et continents.

Malheureusement, comme souvent dans les films chorals, toutes les intrigues ne se valent pas. Ici, le constat est particulièrement criant tant le premier segment emporte tout sur son passage, donnant encore plus d’écho au vide abyssal dans lequel s’enfonce la partie hispanique. Les promesses initiales s’étiolent ainsi inéluctablement au fur et à mesure que "Seule la vie" délaisse toute son inventivité visuelle au profit d’une idylle mielleuse, classique et soporifique. Si par quelques moments, la magie opère à nouveau, on regrettera que l’efficacité liée à une originalité certaine soit remplacée par de vulgaires velléités d’overdose lacrymale. Pour une fois, peut-être que le meilleur moyen d’apprécier le résultat est de partir en cours de route…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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