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SENTINELLE SUD

Un film de Mathieu Gerault

Les dessous de la guerre, sans montrer la guerre

Christian Lafayette est un soldat revenu d’Afghanistan après vu son unité décimée. Vivant en banlieue et travaillant dans un supermarché, il ne pense qu’à repartir et revoit régulièrement son commandant, pour lequel il semble avoir une admiration sans bornes. Entraîné par son camarade de régiment Mounir dans un mauvais plan, il rend également visite à Henri, aujourd’hui en fauteuil roulant et cantonné dans un hôpital psychiatrique. Là, il fait la connaissance d’une doctoresse dont le charme lui laisse espérer une vie « normale »…

Sentinelle sud film movie

S’il ne parvient pas réellement à créer l’empathie envers son personnage principal, ancien combattant en Afghanistan peinant à se réadapter à la vie en France, "Sentinelle Sud" possède un réel point fort dans sa construction. Évoquant les dessous d’une guerre où l’Opium jouait un rôle important, vecteur de négociation avec les locaux comme moyen de se faire de l’argent en sous main, le film parvient à évoquer la guerre (une embuscade, des enfants tués…) sans jamais utiliser un flash-back pour montrer les combats. Celle-ci est en effet évoquée par bribes, par des sons, un chant, des souvenirs échangés avec le commandant ou entre des soldats aux séquelles diverses (physiques pour Mounir, psychologiques pour Henri...).

Le sentiment d’appartenance à une famille, la notion de droiture, la discipline respectée, sont ce qui alimente le personnage interprété par un Niels Schneider très monolithique. Face à lui, Denis Lavant peine à incarner un commandant crédible sans charrier le doute sur ses véritables intentions. Du coup c’est surtout l'excellent Sofian Khammes ("Un Triomphe", "La Nuée", "Mes frères et moi") qui impressionne une nouvelle fois, laissant percer toute la souffrance d’un homme diminué et meurtri dans sa chair. Volontairement un peu trop écrits, les dialogues créent un sentiment d’externalité par rapport à l’époque actuelle, soulignant le décalage du personnage principal avec le monde dans lequel se déroule sa nouvelle vie, lui qui se raccroche un instant à cette femme dont il espère sans doute trop. De quoi dérouter certains spectateurs sans doute, mais potentiellement en séduire d’autres.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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