LES SENTIERS DE LA PERDITION
Un véritable diamant noir, à la fois cruel et humain
Sam Mendes, réalisateur oscarisé de l'excellent 'American Beauty', nous offre une peinture sombre de la mafia irlandaise. La plupart des scènes de meurtre du film se déroulent de nuit, sous une pluie battante, lourde comme la tension qui s'empare régulièrement du spectateur. Mendès choisi de ne rien montrer de la violence, suggérant juste quelques éléments de terreurs, tels l'œil de Michael Junior, dont la pupille se dilate soudainement à la vue d'un horrible spectacle, ou les éclairs dans la pénombre que provoque chaque tir de mitraillette, lors d'une sublime scène de rue, sur fond uniquement musical.
Le réalisateur excelle donc dans l'organisation de ses scènes chocs, comme dans la composition de ses plans. On notera en particulier celui où, dans un changement de focus, on passe du vrai fils (en gros plan), aux silhouettes de Paul Newman enlaçant l'épaule de celle de Tom Hanks, comme un père, en arrière plan. La détresse, l'humiliation et la jalousie du vrai fils prennent ici toute leur ampleur, et s'expriment en peu de chose, glaçant au passage l'échine du spectateur.
Sam Mendès fait dans le minimal et l'émotionnellement puissant. Ceux qui s'attendent à du western ou de l'action seront déçus. Ceux qui recherchent de l'humanité, de l'intelligence, et une réflexion sur les rapports pères-fils y retourneront avec plaisir.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur