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LE SENS DE LA FÊTE

La comédie rassembleuse que le cinéma français attendait

Max est organisateur de réceptions. Traiteur de métier, il s’occupe de tout coordonner, et face à tout problème, il conseille aux membres de son équipe de gérer et de s’adapter. Mais avec un client compliqué, un beau-frère dépressif, une maîtresse fuyante, un photographe flanqué d’un drôle de stagiaire, des serveurs payés au noir, ou encore un chanteur de remplacement trop zélé, le mariage en grandes pompes qui s’annonce, pourrait bien tourner au cauchemar…

C'est une journée à la fois usuelle et particulière d'un organisateur de réceptions, que le duo Toledano / Nakache ("Intouchables", "Nos jours heureux") nous invite à suivre. Suivant un rythme infernal, dans l'enchaînement des situations, mais aussi des gags, le film est ponctué de cartons indiquant de manière irrégulière l'heure, constituant plus des respirations et des éléments de transition que le symbole d'un quelconque contre la montre.

Les dialogues sont ciselés à merveille, à la fois crédibles et magnifiquement servis par les interprètes. Chaque phrase fait ainsi mouche, déclenchant l'hilarité. Et quand le rythme se fait moindre c'est pour mieux déclencher une soudaine émotion, comme lors du face à face troublé du beau-frère et de la mariée (une ancienne collègue...), ou l’incroyable scène d’happening proposée par le marié.

Au niveau mise en scène, la mécanique est parfaitement huilée, alliant plans séquences discrets, disposition ingénieuse des acteurs, et changements soudains de focale, le tout permettant ainsi des enchaînements nombreux et efficaces. Telle une délicieuse pièce montée, l’ensemble est jalonné d’idées délicieuses, qu'on taira forcément pour ne pas gâcher les nombreux effets de surprise.

Mais le film vaut avant tout pour la découverte d’une multitude de personnages attachants, véritables êtres humains, sensés, généreux chacun à leur manière, avec de vrais caractères, souvent marqués. Il en va ainsi du photographe pique assiette qui découvre les applis de rencontre par géolocalisation, du stagiaire de troisième qui interprète un peu trop ce que disent les autres sur son tuteur, du chanteur ringard qui s'échauffe la voix et tente de vendre son business, de la maître d'hôtel black qui pique régulièrement des crises, du beau frère dépressif qui se balade à moitié en pyjama, ou de l’ami pistonné qui a trois neurones et ne connaît rien au métier.

Au milieu de tous évolue un maître de cérémonie toujours en retrait, jetant son regard cynique mais bienveillant sur les autres, avant même de penser à lui. Jean Pierre Bacri excelle dans ce rôle de patron exigeant et réaliste, autoritaire et compatissant. Tous constituent une belle troupe, qui malgré les différences évidentes ou affichées, parvient à vivre ensemble, malgré les tensions et les petits arrangements avec la légalité. En ces lendemains d’élection présidentielle particulièrement clivante, le film résonne étrangement, sous ses allures de comédie déjantée, comme une vision optimiste du vivre ensemble. Un triomphe annoncé et espéré.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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