SELMA
Une page d'histoire méconnue
Après avoir reçu, le 14 octobre 1964, le prix Nobel de la Paix, Martin Luther King, cherche le lieu qui lui permettre de mettre en avant la lutte pour le droit de vote des noirs. C’est la ville de Selma, en Alabama, que son mouvement, le SCLC (« Conférence des dirigeants chrétiens du Sud ») choisit, car elle dispose d’un shérif particulièrement virulent et autoritaire…
Non, Selma n'est pas le nom d'une jeune femme qui aurait croisé la route du pasteur et activiste noir Martin Luther King, ayant lutté toute sa vie pour l'égalité des droits entre citoyens noirs et blancs. Il s'agit d'une ville d'Alabama, où ce dernier a lancé, fin 1964, une série de manifestations visant à permettre l'inscription effective des noirs américains sur les listes électorales. En effet, bien que disposant des mêmes droits sans distinction de race depuis le Civil Rights acts du 2 juillet 1964, les afro-américains se voyaient souvent opposé toute sortes de prétextes ou d'obstacle, pour faire valoir leurs droits. « Selma » expose dans le détail comment, avec une tactique certaine, l'homme et ses troupes, aidé d'une association locale, va parvenir à ses fins.
Alternant discussions dans les antichambres du pouvoir à Washington (avec le président Lyndon B Johnson et son équipe), préparatifs et manifestations sur place, le scénario est des plus didactiques, mais a le mérite de recaler des éléments fondamentaux, en usant à la fois de précision et de pédagogie. Il n'est cependant pas étonnant que le film, des plus classiques, n'ai pas réussi à percer au milieu des nominations aux Oscars, dont il est reparti finalement avec la statuette de la meilleure chanson, pour le bien sage « Glory ».
Le film décrit ainsi les assauts policiers, les passages en prison, les menaces sur la famille, les machinations de la CIA (Hoover en était alors le directeur), les tactiques politiciennes de part et d'autres, la mesure du risque encouru, les agressions racistes, les alliances inattendues, et par delà, l'évolution d'une partie de la population blanche. Autour de scènes clés à la tension certes bien établie (les différentes tentatives de traversée du pont Edmund Pettus, permettant de rejoindre Montgomery), le film livre au final une efficace reconstitution.
Servi par un casting de qualité (dont la célèbre animatrice télé Oprah Winfrey), sa construction chronologique n'aide pas à donner une réelle profondeur aux personnages, le scénario semblant plus s'intéresser aux faits qu'aux êtres humains. Reste l'esquisse d'une série de sombres événements ayant permis une réelle avancée démocratique, menée par un acteur à suivre, peut-être ici un rien trop sage pour passer du touchant au bouleversant : David Oyelowo.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur