LE SEL DE LA TERRE
D'une lugubre beauté
Consacré au photographe brésilien Sebastiao Salgado, le documentaire "Le Sel de la terre" est cosigné entre son propre fils et le réalisateur allemand Wim Wenders ("Les Ailes du désir", "Paris, Texas"). Invitant à une véritable plongée au cœur de l’œuvre du photographe, le film évolue d’un projet de recueil à un autre, le photographe commentant ses propres images, en apparaissant sous forme d’un visage flottant ou comme le participant de certaines prises de vues.
Replaçant en permanence l’être humain au cœur de son œuvre, Salgado a ainsi été le témoin des civilisations les plus reculées, des entreprises les plus titanesques, tout comme des pires atrocités. Dès les premières images, les clichés de mines d’or devenues fourmilières redoublent de puissance par un éclairage sur la réalité des conditions de vie de ces ouvriers. Puis viennent les photos sur l’Afrique, le choléra et la famine en Éthiopie, et celles sur la guerre, du Rwanda à la Yougoslavie, ne cachant rien des cadavres qui flottent sur l’eau ou s’amoncellent le long des routes.
Réalisateur observant et observé, Wenders capture l'essence d’un travail d’orfèvre, dans lequel le monstrueux revêt des aspects fascinants. Contant la volonté d’immersion du photographe, son don pour l'observation, "Le Sel de la terre" fascine tout autant qu’il pétrifie par la puissance de ses images. Un documentaire tout simplement magnifique, porté par une somptueuse partition musicale signée Laurent Petitgand.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur