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SÉJOUR DANS LES MONTS FUCHUN

Un film de Gu Xiaogang

Une fresque familiale des plus captivantes

Lors du banquet d’anniversaire de leur mère, qui fête ses 70 ans, et alors que celle-ci fait soudain un malaise, quatre frères se montrent particulièrement unis. Mais en réalité, chacun doit faire face à différentes difficultés, rendant le maintien de la cohérence familiale ardue…

Séjour dans les monts Fuchun film image

Découvert en clôture de la Semaine de la critique à Cannes, "Séjour dans les monts Fuchun" est un film fleuve, décrivant les relations entre quatre frères aux caractères différents, dans une Chine en pleine évolution. Sur près de 2h30, on suit donc le quotidien d’un restaurateur et sa femme, dont la fille de 28 ans ne compte pas se laisser imposer un mari, un homme séparé et endetté, ayant un fils trisomique, un couple de pêcheurs obligé de vivre sur leur bateau, leur immeuble étant voué à la démolition, et un homme plus jeune réputé peu malin. Par mégarde on se prend à aimer ces personnages, à vouloir en savoir toujours plus sur eux, y compris sur le destin de personnes « annexes » : la grand mère, la petite fille et son amoureux...

Mais ce qui frappe avant tout, c’est la capacité de Gu Xiaogang à saisir à la fois les changements sociaux, qu’ils soient comportementaux ou de richesses, comme les mouvements d’un paysage où industrie et renouvellement urbain viennent poser peu à peu leurs marques. Évoquant à plusieurs reprises une peinture traditionnelle sur rouleau qui donne son nom au métrage (elle date d’entre 1348 et 1350), l’auteur parvient à magnifier les deux monts qui entourent la rivière immuable qui coule entre eux. De longs travellings accompagnent la nage et la marche des amoureux, entre eaux troubles aux multiples usages et forêt épaisse, ou le cérémonial de toute une population, faisant se croiser les destins, au sens propre comme au figuré.

Mêlant questions morales, traditions séculaires, rapports aux alleux, Xiaogang dresse visuellement comme métaphoriquement le portrait d’une fracture multiple qui se fait jour. Promis au final comme étant la première partie d’une trilogie, cette œuvre où passe inexorablement le temps, donne à voir une Chine en pleine évolution, en prise avec le règne de l’argent, mais refusant de tourner le dos à ses traditions et tentant de préserver ce qu’il reste de la notion de famille. Un petit bijou, qui mérite que l’on s’adapte à son rythme pour mieux en apprécier toute la richesse.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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