LES SEIGNEURS DE LA MER
L’animal que nous craignons le plus au monde est celui dont nous avons le plus besoin
L’idée de départ de Rob Stewart, photographe animalier et biologiste, était de consacrer un film aux requins, mammifères marins qui le passionnent depuis sa plus tendre enfance. Pendant ses recherches, il a très vite constaté que l’espèce est aujourd’hui en grand danger d’extinction, alors qu’elle a un rôle important dans la chaîne alimentaire sous-marine. Il a donc choisi de se lancer dans un combat difficile pour essayer de les sauver. Ce film suit son parcours et casse, au passage, un grand nombre de préjugés.
Dès le départ le constat est sans appel : les requins sont menacés d’extinction si rien n’est entrepris. Problème : cette espèce a une très mauvaise image auprès du public et il est difficile de mobiliser les populations pour sa sauvegarde tant les clichés et les peurs véhiculées, entre autres par des films comme « Les Dents de la mer », sont puissamment enracinés dans les esprits. D’où la nécessité de casser ce mythe. Le film s’y emploie de façon méthodique et imparable, images et statistiques à l’appui. Saviez-vous qu’en 1 an les crocodiles ont tué autant de gens que les requins en 100 ans, alors que le crocodile est une espèce protégée contrairement au requin…
C’est un film assez surprenant qui navigue entre documentaire animalier, moments de suspens intenses, images choc et engagement d’un homme pour changer une situation intenable. Les images sous-marines sont superbes et souvent très impressionnantes. La tension est grande quand Rob et son équipe sont confrontés à la mafia puis accusés de tentative de meurtre au Costa Rica par des autorités corrompues… Vous avez bien lu : mafia et corruption ! A plus de 200 $ le kilo d’ailerons de requin, les appétits s’aiguisent.
Ce qui se passe dans les océans reste peu visible et autorise des pratiques impensables sur terre. Rob Stewart le montre avec beaucoup de conviction et une argumentation méthodique. Parfois un peu trop appuyée, mais on le pardonne car le message doit absolument passer : le prédateur n’en est pas un pour l’homme et en tant que régulateur de la chaîne alimentaire des océans, s’il venait à disparaître, les conséquences seraient catastrophiques.
« Les seigneurs de la mer » est un film passionnant, beau et poignant dont on sort avec une furieuse envie de participer au combat.
Benoît MichouEnvoyer un message au rédacteur