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SEA SPARKLE

Un film de Domien Huyghe

Le refus de la disparition

Quand elle était petite, son père aimait à porter Lena dans ses bras, en bord de mer, chassant avec elle les monstres venus des flots. Adolescente, toujours très complice avec lui, la perte de celui-ci avec d’autres marins, est une douleur sourde. Refusant la fatalité, elle est alors persuadée qu’un monstre a emporté son père, et pourrait un jour le lui rendre…

Sea Sparkle film movie

C’est avec une caméra aussi flottante que le personnage, et des sons assourdis, que Domien Huyghe nous transmet l’état de Lena lors de la cérémonie d’enterrement de son père, sur un bateau. Un peu ailleurs, fragile, elle se rend ensuite de nuit en bord de mer pour exprimer sa colère (accompagnée fort justement de guitare électrique), ceci à grands coups de pieds dans l’eau. Ne sachant comment gérer le deuil, elle se persuade qu’un monstre du type « requin-préhistorique » a décroché la croix du bateau, voyant sur celle-ci des signes de morsures. Saar Rogiers, jeune actrice investie, incarne la révolte de son personnage, qui malgré son entourage (sa mère, le pêcheur, sa copine dont le père est aussi disparu, le garçon de l’aquarium qui s’intéresse à elle...) ne parvient pas à réprimer sa colère, ni à accepter la perte.

Adoptant ponctuellement un langage cinématographique proche de l’âge de Lena, où on s’imagine parfois de grandes aventures, le réalisateur, tout en restant presque jusqu’au bout dans un registre réaliste, incline son récit vers une enquête à suspense, improvisée avec les moyens du bord. Mais il faut un jour revenir à la réalité, et avec une certaine justesse et tendresse pour son personnage, "Sea Sparkle" confronte aussi Lena à plusieurs adultes, dans tout le contraste de leurs attitudes. Mais le pas décisif ne pourra être naturellement franchi que par la protagoniste elle-même, le climax du film, joliment onirique, permettant enfin d’entrevoir une autre voie. Le processus du deuil, vu à hauteur d’ado, peut alors se conclure avec la scène la plus émouvante du film.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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