SCROOGE, UN (MÉ)CHANT DE NOËL
L’esprit cliché de Noël
Ebenezer Scrooge, un vieil homme à la fois avare, acariâtre et misanthrope, déteste Noël et continue comme tous les jours de réclamer l’argent que lui doivent ses créanciers. Le soir du réveillon, il reçoit la visite du fantôme de Jacob Marley, son ex-associé décédé plusieurs années auparavant…
Sortie le 2 décembre 2022 sur Netflix
Le célèbre conte "Un chant de Noël" de Charles Dickens a déjà connu des dizaines d’adaptations et "Scrooge, un (mé)chant de Noël" n’est ni la première en animation 3D (Robert Zemeckis s’y était déjà mis en 2009 avec "Le Drôle de Noël de Scrooge") ni la première en film musical puisque ce nouveau film est en fait un remake de "Scrooge" sorti en 1970 – le scénariste et compositeur de ce dernier, Leslie Bricusse, décédé fin 2021, étant à la manœuvre ici pour la coécriture et la coproduction.
Rien de nouveau sous la neige, donc. Et cela se confirme tout au long de ce film dispensable, qui n’est ni un navet ni une réussite. Avec les technologies actuelles, on peut déjà regretter la rigidité des personnages (surtout dans leurs mouvements car l’expressivité est un peu plus réussie) ainsi que le manque d’efforts concernant les textures (tout est désespérément lisse). Ajoutons à cela une esthétique tape-à-l'œil qui essaie de nous en mettre plein la vue à coup d’effets qui ressemble à une overdose de feux d’artifice. Cette débauche d’effets conduit par ailleurs à un sur-soulignage grossier des messages et morales du récit, à travers une répétition ad nauseam des prises de conscience successives et répétitives du personnage principal. Et au milieu de tout ça, un saupoudrage de chansons qui n’apportent pas grand-chose à la progression de l’histoire et qui ont donc pour seule conséquence de casser le rythme !
Même si ce film de Noël peut divertir les enfants (mais pas les trop jeunes pour qui plusieurs scènes sont trop sombres et brutales), la naïveté de l’ensemble dessert le propos sommes toutes humaniste et bienveillant de l’œuvre de Dickens. Au milieu de ce film ni fait ni à faire, surgissent toutefois quelques éléments empêchant la catastrophe totale, à commencer par l’alléchant casting vocal de la VO (notamment Luke Evans, Olivia Colman et Jonathan Pryce), ou encore le malicieux personnage-bougie qui change régulièrement d’apparence.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur