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LA SAVEUR DE LA PASTÈQUE

Un film de Tsai Ming-liang
 

POUR: Niveau +3 - Un film 2 en 1 : critique et apologie, drame et comédie, le tout en poésie

La sécheresse est telle, à Taïwan, que la population est invitée à remplacer l’eau par le jus de pastèque. Elle, c’est en volant l’eau des toilettes publiques qu’elle subsiste. Lui, c’est en montant sur les toits, la nuit tombée, qu’il tente de se rafraîchir en se baignant dans les citernes d’eau de pluie. Solitaires, assoiffés, épuisés par la chaleur et le désir, ils se retrouvent pour mieux se perdre dans l’excitation torride et la saveur de la pastèque…

Au départ, le film semble parti pour être une fable écolo dans le vent du réchauffement de la planète, mais cela s’avère juste prétexte à explorer les comportements humains (dans des situations relativement extrêmes) et par-dessus tout à interroger le désir. Évidemment, chaque fois qu’un film d’auteur fait intervenir un peu trop de cul, on entend crier au scandale, ou à l’onanisme intello, ou à la misogynie, ou au voyeurisme, etc, etc. Pour être honnête, je suis souvent de cet avis quand il s’agit de sexe gratuit et malsain (dans "Ma mère" ou "Romance" par exemple), ce qui n’est pas le cas de ce film-ci.

Il faut néanmoins reconnaître que Tsai Ming-liang n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Il cultive l’ambiguïté de son propos jusqu’au bout et ne se prive pas d’un certain sens de la provocation qui peut, c’est vrai, paraître injustifié. Mais au-delà de cette apparente provocation, le film prospecte les rapports charnels et sonde leurs limites. Surtout, le réalisateur parvient – chose exceptionnelle – à critiquer la pornographie tout en faisant l’apologie du désir. Avouons que l’intention peut être mal comprise à cause d’une forme si explicite et de l’absence de dialogues – cette absence même qui donne pourtant toute sa force au récit. Mais la dernière scène – celle si scandaleuse ! – semble résumer la théorie de Tsai Ming-liang, qui montre jusqu’à l’extrême le désespoir des deux protagonistes lorsqu’ils comprennent à quel point la désunion du désir charnel et des sentiments peut être dévastatrice et déshumanisante.

La fin est une épreuve douloureuse, mais le film qui s’écoule avant est aussi plein de poésie. Le sourire malicieux de l’héroïne nous emplit de douceur, les errances mélancoliques transcrivent à merveille la solitude humaine, la photo est d’une splendeur inouïe, les quelques passages musicaux amènent un peu de respiration et d’humour dans ce lent récit (même si leur signification n’est pas toujours claire !) et la saveur juteuse de la pastèque reproduit le désir jusqu’au bout des lèvres, notamment dans la cultissime scène d’ouverture où l’analogie originale donne le ton : soit on salive, soit on est gêné ! Finalement, le film révèle peut-être à chacun son rapport personnel avec le désir en bousculant nos propres tabous…

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

Ça commence par une scène de cul : on bouffe de la pastèque mais pas seulement. Puis on passe sur une femme vautrée devant sa télé. Plus tard dans le film, le mec de la scène de cul lui fait à manger. Ce mec tourne des pornos. Elle, elle ne fait rien. Ils ne se parlent pas. À la fin, il éjacule dans sa bouche. Tsai Ming-liang filme du sexe et filme du néant. Entre tout ça, il y a des scènes de comédie musicale. On ne sait pas pourquoi elles sont là. C’est Bollywood times.

Difficile de trouver le bon qualificatif : Prétentieux ? Chiant ? Oui. Le réalisateur aligne les plans fixes où même les scènes de baise très crues ne ravivent pas l’intérêt. Bien sûr, on y parle de désir, de sensualité, et l’ensemble induit une forte charge émotico-érotique. Rien de tout cela ne traverse l’écran, déversoir d’images creuses, banales. La saveur… est un film ennuyeux, voire carrément désespérant. Le problème, c’est que l’ennui des personnages n’est même pas le sujet du film. Il parle de sentiments que jamais ô grand jamais nous ne ressentirons en le visionnant.

Il a reçu l’ours d’argent à Berlin. Pas mal pour un objet poseur, vain et parfaitement évitable. Certains films parlent de sexe. Celui-là se branle le cerveau. Les "Cahiers du cinéma" vont adorer.

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

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