SAUNA
Le péché du frère
Sorti dans une indifférence totale il y a maintenant trois ans, le très beau "Jade Warrior" avait pourtant révélé un talent atypique en la personne du cinéaste finlandais Antti Jussi Annila, formaliste « dostoievskien » et grand amateur de cinéma de genre. Croisant un fantastique ésotérique et en prise avec la nature, avec un drame fratricide glaçant d’impudeur et de violence, Annila récidive dans un cinéma qui n’appartient qu’à lui, où les tourments de ses protagonistes (dont un prêtre-chevalier tout droit sortit d’un roman de Robert Howard) sont mis à rude épreuve par les velléités symbolistes (apparitions fantomatiques, flash-back révélateurs) de la mise en scène.
Perdus au sein d'une nature sauvage et inaccessible, les deux frères aux caractères radicalement différents (Erik est un homme de foi au physique de guerrier, Knut semble plus accommodé à la vie citadine) commettent l'irréparable et se voient confrontés à leurs démons intimes, dans une mise à nue corporelle et mentale des plus terrifiantes. Porté par une direction artistique crépusculaire et froide, un scénario volontiers mystique et une dernière demi-heure versant dans le fantastique pur et dur (dont une image finale traumatisante...), "Sauna" impose le nom de son réalisateur : Antti Jussi Annila, à retenir...
Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur