SATIN ROUGE
Un film fort et juste
A partir d'une histoire qui peut, en occident, sembler banale, Amari nous raconte la révélation d'une femme à la vie, sa libération progressive de normes sociales pesantes (relations de voisinage oppressantes, surveillance réciproque, dénonciation…). Son héroïne trouve débauche et défoulement, dans ce cabaret, où elle va se laisser aller, à danser. Le contraste entre l'ambiance feutrée de l'extérieur ou de la maison et la déferlante de couleurs et de sensations de la fête au cabaret est très saisissant. Il fait ressentir la contrainte subie par l'héroïne. Petit à petit, la mise en valeur progressive de l'héroïne (cheveux, coiffure, tenue vestimentaire…) révèle la femme sensuelle et belle qui se cachait sous la veuve et son image lissée.
D'un initial choc des générations (l'incompréhension entre la fille et la mère), la réalisatrice fait une histoire beaucoup plus polémique en s'attaquant au symbole de la femme, qui plus est veuve, dans la société tunisienne. Là où le film frappe fort, c'est dans la mise en évidence de l'hypocrisie ambiante. Les hommes (par ailleurs quasi absents du récits…) sont donneurs de leçon le jour (l'oncle, visiteur pratiquant impromptu) et fêtards lubriques la nuit (les clients du cabaret). Et la femme est là, en objet, respectée uniquement dans le milieu auquel elle appartient : celui du jour ou celui de la nuit. Elle, n'a pas le droit, comme l'homme de se partager. Et notre héroïne fera le choix de cette dichotomie obligée, entre deux vies entre lesquelles elle a l'obligation de choisir, mais ne peut naturellement s'y résoudre.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur