SANS UN BRUIT 2
Un bruit mérité pour cette suite réussie
Si ses membres ont traversé de nombreuses épreuves, la famille Abbot est toujours debout. Cette fois, ils vont devoir compter sur une vieille connaissance pour espérer s’en sortir. Et les monstres ne seront pas la seule menace à éviter…
Produit pour moins de 20 millions de dollars, "Sans un bruit" en avait rapporté près de 350 dans le monde. Comme souvent dans le cas d’un tel succès, Hollywood n’a pas trop tardé pour annoncer une suite, qui fut retardée de près d’un an en raison du COVID-19. Débarquant enfin sur nos écrans après de multiples reports, ce second opus, relatant le sort d’une famille prise au piège dans un monde où des créatures sensibles au bruit exterminent chaque humain coupable d’un faux pas, a une résonance particulière, la notion d’enfermement ayant désormais une saveur différente pour chacun d’entre nous.
Si le premier volet se voulait claustrophobe et silencieux, le prologue de celui-ci démontre un changement radical, avec une ouverture pétaradante et bruyante. Le reste du métrage sera évidemment plus à l’image du précédent, mais la forme du film évolue du quasi huis-clos suffocant vers un road-trip horrifique où les enfants prennent le relais des parents pour mener l’action. Après cette séquence initiale magistrale, aux jump scares bien sentis, John Krasinski poursuit l’exploration de son univers en créant une nouvelle mythologie, non plus basée sur le mystère autour des créatures qui le peuplent, mais sur les différents groupes d’humains qui luttent pour leur survie. Il n’est alors plus question de se cacher, l’enjeu se focalisant sur un mouvement devenu indispensable, celui de courir vers un espoir, la chimère d’un monde où l’homme reprend ses droits, où la joie pourrait s’exprimer sans être étouffée par les chuchotements imposés.
A contrario de "Conjuring 3" qui marque un vrai essoufflement pour la saga, "Sans un bruit 2" réussit à poursuivre les pistes esquissées par l’épisode originel tout en explorant de nouveaux sentiers, invitant des personnages ambigus dans l’intrigue (excellent Cillian Murphy) et en assumant le passage de relai entre deux générations. Le drame familial se transforme alors en une chronique plus spectaculaire, où les enjeux sont nécessairement amplifiés (sauver ses proches vs. sauver l’humanité) sans pour autant devenir caricaturaux. Réussissant un équilibre jouissif entre le bigger than life divertissant et les portraits intimistes des protagonistes, ce thriller d’épouvante ne se contente plus uniquement de son concept, offrant une véritable proposition cinématographique tout en respectant le cahier des charges du genre. Well done Mr. John Krasinski !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur