SANS RIVAGES
Rêve d’éthanol
Monsieur Andrea est alcoolique. Suite à une crise, il se retrouve à l’hôpital. Il y rencontre une infirmière et une médecin…
Plusieurs choses peuvent frapper dans ce moyen métrage de Mathieu Lis. Tout d’abord un début très dur, avec une scène qui fait écho aux petits vieux de Kieslowski dans "Bleu", "Blanc" et "Rouge". Des petits vieux, sur la pointe des pieds, qui tentent de jeter leurs bouteilles de vin vides dans la benne. Ici, c’est Carlo Brandt, qui, le bras dans ce même trou, tente d’attraper une bouteille pour lamper le fond d’alcool qui pourrait y rester. Un portrait très dur de cet homme en détresse.
On peut ensuite être saisi par la beauté des images que propose Julien Hogert. La lumière est très belle et très travaillée, sans pour autant venir prendre le pas sur la contemplation. On peut enfin être saisi par la voix de Carlo Brandt, une voix grave, hachée, d’outre-tombe, qui se marie si bien au visage ravagé de l’acteur.
Si le film ne va pas beaucoup plus loin que sa prémisse, faire la chronique de la vie d’un alcoolique vieillissant, "Sans rivages", en choisissant d’illustrer les errances et les fantasmes induits par la boisson, a le mérite de proposer une vision décomplexée de cette maladie et de, peut-être, présenter une raison pour laquelle certains ne s’arrêtent pas : ils se sentent bien là où l’alcool les emporte.
À noter également la forte présence de nudité, intégrale, féminine, mais qui n’est pas liée à la sexualité ou pas dépeinte de manière lubrique, bien qu’elle s’inscrive dans les fantasmes d’un homme. Et la caméra de Mathieu Lis vient saisir les actrices dans leur nudité sans être voyeuriste. Une jolie réussite dans un film sans prétention.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur