SANCTORUM
Comme un cri de détresse
Au cœur de la forêt mexicaine, des parents laissent leur fils à sa grand-mère. Mais la mère ne revient pas. Le petit garçon s’enfonce alors dans la forêt, espérant qu’on lui rende cette mère disparue…
Présenté en clôture de la Semaine de la critique du Festival de Venise 2019, "Sanctorum" nous propose une immersion dans une forêt du sud du Mexique, auprès de villages reculés où se parle une des langues mixé-zoquéennes. Ayant pour personnages des agriculteurs, pris en étau entre des trafiquants de drogue qui les contraignent à travailler pour eux dans les plantations de cannabis et des soldats de l’armée représentant un État qui voudrait bien les voir quitter leurs terres, le film est très rapidement étouffant, ne laissant aucune issue à ce peuple et ses descendants (dont l’enfant du synopsis).
Avec un premier plan nocturne fascinant, montrant un ciel étoilé, sur le fond duquel se dessine un rivage, Joshua Gil installe rapidement une atmosphère étrange et mystérieuse. Après avoir suggéré, à distance, avec un très beau plan fixe, ce qui s’apparente à un glaçant massacre (dont les conséquences convoqueront le fantastique), il utilise les sons pour représenter une présence qui rode dans la forêt. Il donne ainsi à entendre des bruits sourds, des sortes de sons de cornes, synonymes d’une menace imminente pour tous ceux qui fréquentent les lieux.
Prenant au passage son temps pour nous présenter l’état de dénuement des populations, pour souligner la corruption et interroger au final sur l’utilité des militaires, l’auteur convoque du mystique, joue avec des effets spéciaux parcimonieux et élégants, évoquant la fin d’un monde où l’homme et la forêt ne sont qu’exploités et massacrés. Avec son image soignée, "Sanctorum" nous emmène ainsi aux confins de la forêt, là où les croyances païennes portent l’espoir d’un changement salvateur.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur