SAMUEL
Super-héros à la vénézuélienne
Ce film vénézuélien n’inspire pas grand-chose durant sa première partie où on assiste à la conquête d’Alma, alors mariée à un vieux propriétaire terrien. L’installation des personnages et de l’histoire s’engouffre dans une nébuleuse qui nous interroge, pour ne pas dire nous perd. La mise en scène a du mal à s’imposer et il faut un moment pour comprendre où le réalisateur veut en venir. Puis avec le temps, le film se construit, les personnages s’imposent, le style de la mise en scène s’affirme, et toute la finesse de la réalisation, les nombreux silences, les flash-back et l’interprétation douce des comédiens emportent le long-métrage vers une œuvre finalement délicate, intéressante et qui émeut.
Entre l’acceptation de son destin, l’affirmation de soi et la difficulté de trouver sa place dans la société, le film n’est pas loin des portraits des grands héros de notre patrimoine littéraire ou cinématographique, tel un Clark Kent acceptant son pouvoir et la responsabilité qui en découle, ou un Bruce Willis se découvrant un don dans "Incassable" mais ne sachant comment vivre avec… Samuel est finalement l’un d’eux, au fin fond du Venezuela, un héros demandé, un sauveur réclamé mais qui va rejeter son don pour ne pas avoir la charge du devoir et la responsabilité de la faute.
Il ne cessera donc de clamer ce qu’il pense être (« Je ne suis qu’un mécanicien ! »), alors qu’il passe à côté de ce qu’il pourrait être, un grand homme. La religion le questionne alors. Car si Dieu ne fait rien en haut, pourquoi devrions-nous faire différemment en bas ? Le film interroge ainsi la foi et l’attentisme. Les trois comédiens principaux, Erich Wildpret, Manuel Porto et Ananda Troconis, inconnus chez nous, sont assez extraordinaires dans leur rôle. Un petit film intéressant dont on supprimerait finalement bien le début pour arriver plus rapidement à son sujet principal.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur