SAINT NARCISSE
Une approche du narcissisme qui ne va pas très loin
Dominique aime à se regarder et se photographier. À la mort de sa grand mère québécoise, dont il avait l’habitude de s’occuper, il découvre un coffret avec des lettres de sa mère, prouvant que celle-ci serait encore vivante. Il enfourche alors sa moto et se rend dans le village de Saint Narcisse, où il découvre que celle-ci vit avec une femme plus jeune…
Sortie le 15 février 2022 sur Queer Screen
L’introduction du nouveau film de Bruce LaBruce ("Hustler White", "Gerontophilia") était plutôt sympathique. Dans une laverie très seventies, une scène de draguouille entre un homme et une femme se terminait par une baise débridée devant des spectateurs attroupés sur le trottoir. S’agissant d’un rêve, celui-ci introduisait aussi une mystérieuse silhouette à capuche, affirmant ainsi à la fois le caractère fantaisiste et débridé de l’histoire à venir, comme un aspect potentiellement tourné thriller. Mais Bruce LaBruce n’est pas Greg Araki, et le reste du métrage sera bien plein posé, certes gentiment provocateur quant à la notion de « famille », mais finalement peu profond quant à la question du narcissisme, malgré cette sublime idée de départ visant à mettre le personnage sur les traces d’un potentiel frère jumeau.
On regrettera d’abord que le scénario ne fasse absolument rien de la rumeur de départ consistant à considérer la mère comme une sorcière, qui vivrait avec une femme plus jeune mais qui ne vieillit jamais. Ensuite si la pédophilie dans l’église est clairement visée, cela relève plus de l’ordre de la folie mystique, rendant le tout moins effrayant ou malsain que risible. Quant aux personnages des deux frères, on ne peut pas dire que leurs existences soient réellement caractérisées en profondeur. Restent la bonne idée de la conclusion, jumelée à l’utilisation judicieuse de la chanson (It's a) « Family affair ». Un Bruce LaBruce qui restera donc mineur.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur