SA MAJESTÉ MINOR
2ème avis – Une fantaisie des plus vivantes
Dans l’Antiquité, au cœur du monde méditerranéen, Minor, être humain élevé par une truie dès son plus jeune âge, coule des jours tranquilles dans la porcherie d’un petit village. Alors que, du haut d’un arbre, il espionne Clytia, la jolie fille du patriarche, il tombe et se tue. Il ressuscite ensuite miraculeusement, recouvrant à cette occasion la parole. Sur les conseils du devin, Minor est sacré Roi…
Jean Jacques Annaud va forcément diviser. D'abord parce que l'improbable sujet de son film, l'histoire d'un homme cochon devenu Roi, confère au conte mythologique chaotique, mélangeant allègrement toutes sortes de références antiques, du Dieu Pan aux Centaures. Ensuite parce que les dialogues signés Gérard Brach (décédé depuis), sont d'une crudité et d'un lyrisme réjouissants, mais virent parfois au scato convenu. Mais il faut bien admettre que le projet, fortement documenté au niveau reconstitution (des habitats de pierre, jusqu'aux costumes de lin), était en soi une gageure dès le départ, et que le monde ensoleillé qui s'offre à nos yeux éveille à chaque instant tous nos sens.
Au coeur de cet univers fortement sexué, José Garcia, blond, une sorte de nid à colombes sur la tête, s'interroge sur la fidélité et son appartenance à la race humaine, dont il découvre l'éloquence et l'influence du pouvoir. Délicieusement éberlué, l'acteur s'en donne à coeur joie dans l'évolution d'une naïveté vers une conscience innommable. Face à lui, les hommes de la tribu affirment leur domination par des costumes aux sexes en érection qui grandissent au fil des scènes, et les femmes usent de leurs armes physiques pour convaincre. Mélangez tout cela avec un peu de magie, avec moult oracles, mages et vous obtenez une sauce pas toujours légère mais inventive à souhait que même les plus récalcitrants devraient trouver à leur goût.
Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteurÀ LIRE ÉGALEMENT
COMMENTAIRES
plaquemine
mercredi 6 mars - 3h26
Un film qui, à l'époque de sa sortie, présageait bien, voire encourageait l'actuelle descente de la société française dans la barbarie.