RUE MANDAR
Une affaire de famille
Cinq ans après son joli premier film « Deux vies plus une », qui mettait en scène une institutrice introvertie (Emmanuelle Devos) tentée de rompre la monotonie de son existence pour se lancer dans l’écriture d’un roman, Idit Cebula remet le couvert avec un métrage proche du film choral. En effet, si la fratrie de confession juive incarnée par le trio Kiberlain, Berry et Devos (tous excellents) est au cœur du récit, on s’intéresse aussi à l’histoire de chacun. Charles, Rosemonde et Emma ont beau vivre la perte de leur mère différemment, ils voient tous leur petite existence basculer et, à travers cela, leurs fragilités latentes se révéler. Doucement mais sûrement, ils font alors le ménage dans leur vie, au propre ou au figuré.
Ni triste ni vraiment léger, le film offre un mélange équilibré de drame familial et de comédie. A l’instar de son précédent film, la réalisatrice pose un regard tendre et amusé sur la judaïté, n’hésitant pas à prêter à ses personnages des réactions démesurées (Berry qui décide de repeindre tout son appartement au lendemain de l’enterrement) tout en les rendant savoureusement plausibles (Devos qui s’étonne de ne pas avoir envie de pleurer sur le chemin du cimetière, et qui s’évanouit deux secondes après). Jouant des excentricités des uns et des autres, elle dresse ainsi le portrait d’une famille haute en couleur, qui s'engueule à voix haute pendant la prière ou mobilise la terre entière dès que le fils de Rosemonde, parti la veille faire ses études à New York, ne répond pas au téléphone. Des excès écrits et filmés avec justesse, et qui rendent ce petit monde infiniment sympathique.
Sincère, touchant et parfois même émouvant, notamment grâce à de très jolies scènes dans l’appartement où les sentiments font surface, « Rue Mandar » fait partie de ces films qui ne révolutionnent pas le cinéma, mais vous prennent par la main le temps d’une séance et vous quittent en vous laissant du baume au cœur. De ces film qui vous donnent envie de retrouver vos albums de famille et de rouvrir le coffre à souvenir de votre enfance.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur