LE ROYAUME DE GA'HOOLE
Un chouette film !
Soren, une jeune chouette, est kidnappée avec son frère par un groupe de hiboux voulant dominer le Royaume en créant une armée. Notre jeune héros réussit à s’échapper et part à la recherche du Royaume de Ga’hoole où vivent les chouettes légendaires qui pourront l’aider…
Que pouvait-on attendre de Zack Snyder sur ce film ? Petite surprise en apprenant que le futur réalisateur de « Superman » s’attaque ici à une œuvre pour enfants, lui qui nous avait habitué à dessouder du zombie ou à filmer des surhommes dénudés. En adaptant les livres de Kathryn Lasky (le film couvre les 3 premiers volumes sur 15 existants), Snyder réussit finalement un bel exploit : réaliser un film pour enfants (mais véritablement appréciable par tous) et ce sans renier tout ce qui fait la force et la qualité de son cinéma.
Captivant récit d’aventure, « Le Royaume de Ga’Hoole » est écrit avec une belle plume. Doté d’une multitude de personnages bénéficiant tous d’une bonne présence à l’écran, le seul point négatif réside potentiellement dans le traitement du personnage du frère, un peu trop expédié et bénéficiant des plus grosses ficèles scénaristiques. Les éléments classiques de tout bon récit initiatique sont présents : départ du domicile familial, découverte des contrées fantastiques, premier échec, rencontre avec un vieux maître (mélange entre Obi-Wan et Yoda), acceptation de la réalité et prise de responsabilité, acte de bravoure… Bref, tout le schéma campbellien nécessaire à ce type de récit est respecté. L'histoire de ce jeune oiseau rêvant d’aventures mystiques et de combats d'anthologie n’a donc rien de nouveau, mais bénéficie d’un habile équilibre qui satisfera les petits (tout est simple, pas trop long, représentant de bonnes valeurs) comme les grands (le personnage comique de service a peu de temps de présence, il n'y a pas de chanson, pas d’enfantillages). On est bien plus proche d’un Pixar au cadrage surboosté que du traditionnel film d’animation de fin d’année que l’on se force à voir car le petit dernier tient absolument à aller au ciné.
Mais Zack Snyder ne serait pas l’excellent réalisateur qu’il est s'il n’avait pas insufflé sa patte à ce scripte carré, mais nécessitant une mise en avant. Force est de constater que Snyder s’est senti aussi impliqué que sur ses autres films. Alors que la 1ère partie plane un peu à l’image des scènes d’exposition de « Watchmen – Les gardiens », la seconde prend son envol et Zack is back ! Multitude de plans longs au ralenti rappelant ceux qui nous avaient déjà scotché dans « 300 », caméra virevoltante nous offrant les meilleurs dogfights que l’on ait vu sur grand écran depuis une éternité (soit depuis « Pearl Harbor » de Michael Bay), le film prend une dimension supplémentaire si vous avez la chance de le voir en 3D (logique finalement). C’est bien simple, à part « Dragon » (« How To Train Your Dragon » en V.O.), aucun film n’avait aussi bien utilisé la 3D dirigée vers le spectateur et dans la profondeur de champs. C’est même le meilleur film tourné pour la 3D permettant de voir les efforts et l’évolution technologique flagrante, depuis ne serait que la sortie d’ « Avatar », il y a un an. Et comme dans le film de Cameron, Snyder a compris cette nouvelle grammaire cinématographique et son montage s’adapte à cette technologie, ainsi, les plans peuvent s’enchainer avec une logique toute dissimulée.
Pari donc réussi pour Snyder, qui livre donc une œuvre accessible à tous et bénéficiant d’une réalisation plus que bluffante. Avec une fin légèrement ouverte (il reste encore 12 livres, soit au moins 2 films), on attend logiquement une suite, même si Snyder ne devrait pas se retrouver derrière la caméra. Mais espérons que la Warner réussisse son tir et nous permette de crier à nouveau : GA’HOOOOOOOOOOOOLE !!!
François ReyEnvoyer un message au rédacteur