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ROYAL AFFAIR

Un film de Nikolaj Arcel

La liberté de pensée

Danemark. Fin du XVIIIe siècle. Le jeune Christian VII accède au trône. Avant de devenir roi, il passait ses journées à jouer la comédie ou bien dans les bras de filles de joie. Une fois nommé à la tête de son pays, il se verra dans l’obligation de donner un héritier à la couronne du Danemark et pour cela, d’épouser la princesse Caroline Mathilde, fraîchement envoyée d’Angleterre pour justement devenir son épouse. Érudite, celle-ci apporte des idées nouvelles à la cour, influencées par les Lumières (Voltaire, Spinoza, Locke, etc.) et sera appuyée dans ses décisions par le nouveau médecin particulier du roi, Johann Friedrich Struensee, qui ne tardera pas à devenir son amant…

Nikolaj Arcel, scénariste de la première adaptation du livre Millenium, a choisi pour son quatrième film de raconter un épisode de l'histoire de son pays, très peu connu hors de ses frontières. L’histoire d’une patrie qui, bien avant les autres monarchies européennes, avait choisi d’élargir sa vision de gouverner en apportant des idées progressistes auprès du Conseil d’État. Car au-delà de l’histoire d’adultère entre la jeune reine et le médecin du roi, c’est bien le contexte politique et les manipulations qui sont au cœur du récit.

Ce sujet est d’autant plus intéressant, qu’en tant que Français, nous avons vécu de manière beaucoup plus violente la libération de l’asservissement du peuple par la monarchie, 19 ans plus tard avec la prise de la Bastille. D’un côté la sagesse des mots conduisant vers le changement, de l'autre côté la violence.

Pour interpréter ce trio amoureux interdépendant affectivement et intellectuellement, Mads Mikkelsen (prix d’interprétation masculine à Cannes pour « La chasse ») joue parfaitement l’amant fougueux et calculateur, Alicia Vikander (jeune actrice suédoise vue dans « Pure » et « Anna Karenine ») est parfaite en jeune reine déterminée, et enfin Mikkel Boe Folsgaard (prix d’interprétation masculine au festival de Berlin 2012) délivre une interprétation magistrale et troublante d’un roi à la limite de l’autisme et aux facultés mentales limitées. La relation entre la reine et son amant n’est pas sans rappeler celle de Pygmalion vue dans « La princesse de Montpensier » entre le personnage de Lambert Wilson et Mélanie Thierry.

Œuvre qui permet de constater le pouvoir de la pensée et des philosophes sur les changements politiques, « Royal affair » fait très certainement partie des films marquants de 2012. Peut-être un message d’espoir pour les pays enclins à des révolutions, comme celles du printemps arabe.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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