LA ROUTE D’ISTANBUL
C’est à la fin que le film démarre
Cela fait quelques années que les cinéastes francophones s’emparent du sujet de la radicalisation. Avec "La Désintégration", Philippe Faucon était le premier à réellement décortiquer le phénomène, avant que Nicolas Boukrief avec son "Made in France" et aujourd’hui Rachid Bouchareb avec "La Route d’Istanbul" ne lui emboîtent le pas. La tendance ne va certainement pas s'arrêter, vu les événements commis en 2015 sur le sol français.
Là où Rachid Bouchareb se démarque de ses deux compères, c’est sur le point de vue. Cette fois, ce n’est pas la vision des jeunes intégristes qui est analysée mais celle d’un parent, désemparé par les choix de sa progéniture qui lui semblent si irrationnels. Astrid Whettnall est formidable d’authenticité en mère compréhensive qui tente de tisser une relation privilégiée avec sa fille. Bouchareb montre à quel point les parents sont seuls face à ce genre de situations, qui plus est, angoissantes. Il est cependant regrettable que tant de temps soit consacré au voyage de la mère et ses difficultés à passer la frontière syrienne.
Car les moments les plus intéressants sont les échanges entre la mère et la fille. Malheureusement, ces derniers sont extrêmement rares. Le réalisateur préfère visiblement filmer le désarroi de la mère d’Elodie et son périple pour la retrouver ; une partie du film qui aurait certainement mérité d'être raccourcie pour privilégier les retrouvailles et la confrontation mère/fille. L’implacable scène finale interrompt le film à son moment le plus intriguant, faisant certainement passer Rachid Bouchareb à côté d’un sujet bien plus intéressant et encore peu traité au cinéma : la tentative de réintégration.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur