ROSE ET VIOLETTE
Inégal
Trois courts métrages : « La Chose perdue » ou que faire d’une étrange créature découverte sur une plage, « Aleksandr »ou le petit monde des tricoteurs, et « Rose et Violet »ou la vie commune de deux sœurs siamoises employées dans un cirque…
Composé de trois courts métrages, ce programme de moins d'une heure au total est certes destiné aux tout petits, mais a tout de même du mal à maintenir le niveau proposé par le premier, « La Chose perdue », ni à faire preuve d'une réelle cohérence, même si la thématique de la différence semble être un lien évident. Il faut dire que « La Chose perdue », qui ouvre le bal avec sa somptueuse 3D numérique, a reçu à la fois le Prix du meilleur court métrage au Festival d'Annecy en 2010et l'Oscar du court métrage d'animation en 2011. Un héritage face auquel les deux autres courts ont bien du mal à rivaliser, alors qu'ils sont paradoxalement plus accessibles aux plus petits.
« La Chose perdue » est une fable australienne désenchantée, fustigeant le caractère administratif du monde, et la propension de l'homme à catégoriser les gens comme à préférer isoler ceux qui sont différents. Avec ses couleurs tristes, le film compose un univers à part, où les hommes semblent pris dans les rituels et habitudes, dont le poids semble même affecter leur vitesse de déplacement. Mélangeant des formes d'animaux aquatiques et d'une architecture mécanique, faite de pièces de métal, les créatures données à voir ici sont à la fois étranges et rassurantes. Un petit bijou.
Le second court métrage, s'il est assez captivant, malgré ses seules cinq minutes, dénote un peu par rapport aux deux autres. « Aleksandr » est l'histoire d'un peuple de tricoteurs dont les huttes en laine sont suspendues dans le ciel, grâce à des fils, échappant ainsi provisoirement à l'emprise d'un monstre, caché sous la glace. Mais le monstre va tenter de les atteindre, les obligeant à choisir entre surélever encore leurs habitations, ou lui faire face. Si le monstre est certes différent, il n'est point ici question d'accepter l'autre, mais plutôt d'affronter les dangers du monde. Un film en 3D numérique à la beauté plastique remarquable.
Enfin, le film canadien qui donne son titre au recueil, « Rose et Violet », voit deux sœurs ayant un bras en commun, devenir employées dans un cirque et s’enamourer du même garçon, chacune lui écrivant une lettre d'amour. Mélangeant dessin 2D, papier découpé et pâte à modeler, le film ne passionne guère, mais plaira aux plus petits de par son rythme endiablé et sa galerie de personnages étranges. Traitant de l'affirmation de sa personnalité, autrement dit sa propre différence, « Rose et Violet » pétille d'une certaine espièglerie, sans arriver à se hisser au niveau de ses deux prédécesseurs. Dommage.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur